Le cimetière des livres oubliés…

17h56, train à destination de Mantes-la-Jolie via Conflans. La chaleur de cette journée printanière a envahi les voitures du train. J’arrive peu de temps avant le départ, les places assises libres se font rares. Je prends place à tes côtés.

Entre tes mains, un livre ouvert dont je tente de voler quelques phrases, un peu par curiosité afin de déceler le goût des gens, mais aussi toujours en quête d’une lecture qui pourrait retenir mon attention.

Le train se meut dans une lenteur et quitte l’abri de la verrière de la gare. Nous nous retrouvons exposés à ce soleil du mois de mai, qui à cette heure-ci continue d’inonder la capitale de ses rayons. La chaleur se fait plus forte, mais une légère brise s’engouffre par les fenêtres ouvertes. Dans les ballottements causés par le passage des aiguillages, j’aperçois alors la quatrième couverture de ton livre. Carlos Ruiz Zafon. Le titre m’échappe, bien qu’il me semble deviner Le prisonnier du ciel. Le sourire pincé que je lâche alors, lui, je ne peux le contenir. J’attends quelques secondes, et me décide à sortir mon livre de la poche de ma veste. Le Jeu de l’ange, du même auteur, et si le livre que tu tenais est bien celui-là, de la même trilogie.

Je n’ose t’aborder, je sais que la lecture de ces romans est captivante et ne souhaite t’interrompre. Arrivés à Argenteuil, tu ranges le livre, te lève, et je m’écarte pour te laisser passer. Je perçois un sourire de ta part. Simple politesse, ou sourire complice sur notre lecture commune ? Moi, je continue mon trajet, me laissant le temps de dévorer quelques chapitres supplémentaires.

Pourquoi ne pas se revoir, se poser à une terrasse parisienne, discuter d’un livre oublié autour d’une tasse ou d’un verre ?

    Détails

  • Transilienjà Saint-Lazare.
  • Une rencontre faite le 19 mai 2014.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le lundi 19 mai.