Tous les jours, toutes les lignes… toutes les femmes !

Je vous croise souvent, un matin mouillé en hiver, ou une soirée odorante au printemps. Vous étiez assise à côté de moi, le regard plongé dans des feuilles que vous annotiez. Je songeais, en voyant la courbe de vos jambes que révélait délicatement votre robe couleur feuille morte, qu’il serait doux d’aimer ces lignes, et de se réveiller tous les matins en les caressant… vous aviez l’air tellement sérieuse !

Je vous ai retrouvée lors de ma correspondance, vous étiez cette fois couleur bleu ciel, vos cheveux bouclés encadraient un visage un peu pâle, et vos lèvres vermeilles se pinçaient ; votre veste vous allait à ravir, malgré votre allure empressée. Une autre femme, un autre visage, mais toujours ce frémissement de passion à vous voir passer près de moi…

Un soir vous étiez avec une amie, je trouvai votre regard jovial quand il se posait sur elle. Votre prunelle claire, brune, vos yeux cernés de mascara, votre teint bruni contrastait avec une étrange tristesse qui transparaissait dans votre sourire. Je songeais à vos amis, vos collègues , et tous les êtres qui approchent ces épaules délicatement sculptées, ce visage si doux, ces cheveux embaumés et relâchés sur le cou, et qui passaient à côté d’un cœur généreux, resté enfermé dans cette poitrine de femme en attendant que quelqu’un vienne lui ouvrir la porte sur le jour…

Vous êtes grande ou petite, élancée ou plantureuse, aux mille couleurs sur le visage, les cheveux, et aux mille étincelles dans les yeux. Je croise vos regards, parfois souriants, parfois malicieux, si souvent mélancoliques… et mon cœur se resserre. Vous me faites rêver, sourire, ou vibrer. Vous faites de moi le poète, le philosophe, ou le guerrier…. Vous, mesdames, que je croise tous les jours dans le métro, vous faites de ces tunnels souterrains des voyages illuminés, comme vous faites de nos existences des vies éclairées.

Merci pour vos sourires, votre douceur, votre générosité, votre cœur qui a tant à donner et qu’on égratigne si souvent. Merci d’être femme, et de le rester, malgré les contraintes du monde qui nous afflige de ses lois inhumaines. Je vois poindre le sourire sur vos lèvres, et la joie revient dans ma vie. Par votre présence - et rien que cela - vous rendez notre monde meilleur. Nous ne vous demandons pas davantage…

Spéciale dédicace à la belle dame de la 14 : vous me faites toujours rêver. A quoi ? Comment ? Juste que vous me regardiez, et qu’en l’espace d’un instant, nos yeux se disent tout ce que racontent les livres. Un voyage à deux ? C’est bien trop peu. Une vie à deux : là commence le rêve. La dernière fois que je vous ai vu, vous étiez assise en train de tapoter sur votre téléphone. Avant de sortir, j’ai senti votre regard glisser sur moi, sans que je n’ose tourner la tête. Alors, vous vous êtes arrêtée, là, devant moi, en haut de l’escalier… quelle vision !