Jeune blonde, capuche/châle gris, yeux clairs

Aucune chance que ce message aboutisse, mais il fallait que j’essaie.

Cela dit, à tous : si vous reconnaissez la fille que je décris ci-dessous, dites lui qu’elle a fait une touche plutôt sévère.

Il était à peu près 17h moins le quart, vendredi 27 mai lorsque je suis rentré dans la rame, à Nation, pour aller bosser au loin, portant un sac à dos et de quoi me protéger de la pluie.

Vous étiez assise sur le strapontin juste à côté de la porte en compagnie d’une copine.

Etudiante ? Peut être même, lycéenne ? Si oui, ça fait bien chier, parce que je dois facilement avoir 15 ans de plus. Autant dire que je suis hors course … Mais mon dieu, quels beaux yeux pâles et clairs vous aviez, quelle finesse dans vos traits, quelle peau lumineuse. On aurait dit un ange tombé du ciel. A l’instant où je vous ai aperçu, mon coeur a fait un triple salto arrière dans ma poitrine.

Vous vous êtes levée de votre strapontin un peu avant Reuilly, le regard perdu vers la vitre tandis que votre voisine restait assise.

Vous portiez une sorte de capuche gris clair, ou un tissu gris clair dont vous vous serviez pour couvrir vos cheveux blonds.

Vous ne m’avez pas remarqué, je pense. Trop vieux pour vous sans doute, et la tête ailleurs. Et puis je me suis retenu de trop vous dévisager, partant du principe un peu looser que j’avais aucune chance … J’ai juste jeté quelques regards furtifs dans votre direction. Il n’y a que votre copine (assise à votre gauche, côté couloir) qui s’en soit douté, je crois. J’ai brièvement croisé son regard mais c’était le votre que je voulais voir.

Vous êtes descendues toutes les deux à Reuilly Diderot. Beaucoup trop tôt. J’aurais voulu pouvoir contempler vos traits trois siècles de plus. Alors une seule station, c’est trop de frustration …

C’est complètement absurde, quand on y pense.

On part tristement bosser (un vendredi soir en plus), la tête emplie de toutes ces choses vaines qu’on est obligé de faire pour vivre et s’acheter ces trucs inutiles qui nous paraissent indispensables. Et puis au détour d’un couloir, d’une ruelle, ou dans les recoins d’un wagon, un jour on aperçoit un visage, une personne qu’on n’a jamais vue, et que bien souvent on ne reverra jamais.

Et d’un coup c’est comme si le monde interrompait sa rotation, comme si le temps se dilatait. On est ému, et on ne comprend pas pourquoi.

Là c’était particulièrement net, me concernant. Je suis trentenaire, et vous n’aviez sans doute pas vingt ans. Rien à gagner à vous admirer hormis une réputation de vieux pervers - ce que je ne suis surement pas.

Alors pourquoi ce visage qui est le votre m’a t-il à ce point stupéfié ? Qu’est ce qui fait qu’on se laisse ainsi toucher par la grace ? Je l’ignore.

En tout cas, mademoiselle, je veux juste dire que vous êtes belle à ravir. Je vendrais mon appart’ pour un portrait de vous (ce serait malhonnête toutefois car je ne suis que locataire).

Si jamais vous vous lassez un jour des mecs jeunes et beaux, ou que vous sentez de faire une bonne action pensez donc à moi et accordez moi juste un petit sourire. Même si je ne suis pas présent, je le sentirais surement.

    Détails

  • Métro1à Reuilly — Diderot.
  • Une rencontre faite le 27 mai 2016.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le vendredi 27 mai.