J’ai cru voir un prince

Sur mon trajet vers la surface, je ne vois que toi sur le quai. Je traîne ma petite valise un peu usée par le chemin. Tu tiens un fond de Champagne à la main. Je m’arrête pas trop loin de toi. 3 minutes avant le prochain départ. Tu es charmant. Délicat. Inspirant. Discrètement propre sur toi. Le train arrive. S’arrête. Se vide. Je monte dans la même rame que toi. M’asseois juste derrière toi. Un peu de profil. Pour pouvoir contempler ton reflet dans la vitre d’en face. Nos deux visages défiler côte-à-côte dans les tunnels à fonds noirs. Poser ma tête contre le siège, un peu plus près de toi. Écouter tout ton soupir. Relier les grains de beauté de ton minois à petits traits furtifs. Jouer à cache-cache avec ton regard. J’aimerais juste te dire que je te trouve très beau. Entendre le son de ta voix. Mais je n’y parviens pas. Je descends à Père Lachaise. Je ne me retourne pas. Le train s’ébranle. Je lève les yeux pour ne pas manquer ta rame. Te revoir une dernière fois. Je te vois. Tu me regardes. Nous ne nous quittons pas des yeux jusqu’à ce que nous disparaissions l’un à l’autre. Je ne veux rien perdre de ton regard noisette alors que je te laisse filer dans le noir. Qui étais-tu ? Où allais-tu ? Que me disaient tes yeux de prince dans le lointain ? Je ferme les miens quelques instants pour ne plus rien voir d’autre. Vibrer au seul son de mon émotion. Tracer le chemin vers ton souvenir pour d’autres jours prochains. Au plaisir de te revoir vraiment peut-être bel inconnu de la ligne 2.

    Détails

  • Métro2à Nation.
  • Une rencontre faite le 5 juillet 2016.
  • Rédigé par une femme pour un homme.
  • Publié le mercredi 6 juillet.