À l’attention de I.

Hier soir tu as pris la ligne 7 à Palais-Royal ; je suppose que tu bosses dans une tour à la Défense. Ce n’était pas mon trajet habituel et probablement pas non plus ton horaire habituel. Lorsque tu es montée dans la rame, j’ai levé les yeux de mon livre et entre-aperçu ton profil. Durant les 10 stations suivantes, j’ai fait semblant d’être absorbé par ma lecture alors qu’à quelques mètres en face de moi tu avais vraiment l’air d’être absorbée par ton téléphone portable.

Tu ressemblais à quelqu’un qui, au sortir d’une réunion entre maîtres du monde, vérifie que la terre tourne toujours dans le même sens. Cet air un peu strict te va bien.

On s’est côtoyés pendant quelques années et ça doit être la troisième ou quatrième fois qu’on se croise par hasard, mais je ne crois pas qu’on se soit déjà vraiment parlé autrement que pour se saluer. Il me semble que j’ai déjà laissé passé ma chance il y a 2 ans.

C’était bon de te revoir, j’aurais aimé croiser ton regard.

À bientôt dans un autre métro.