Un jour comme un autre …

Il est 6h30, la nuit touche à sa fin … Je suis encore allongé dans mon lit, seul, m’a femme doit déjà être devant son bureau à pianoter, les yeux larmoyants de fatigue ; et comme chaque matin, elle a dû m’embrasser sur le front en me souhaitant la meilleure des journées, j’aurais souhaité être réveillé pour lui répondre de même, mais je n’ai rien entendu, je dormais trop profondément . Je me prélasse et souris, rare moment durant lequel je profite du vrai silence, j’aime entendre le chant plaintif du vent qui se glisse dans le courant d’air de la porte-fenêtre que j’ai laissé entre-ouverte, le son de la pluie qui bat contre la vitre, et au loin, égoïstement, alors que je suis toujours emmitouflé sous ma couette, le bruit des moteurs qui s’affolent pour rejoindre les lieux où ils séjourneront avant de rentrer à la nuit tombée … Malheureusement le réveil sonne, il est l’heure ! Je m’active, quelques étirements, deux-trois tartines balancées à la volée dans le grille-pain et vite mangé avec un peu de confiture dont j’ignore si elle est à la pêche ou à la fraise, bref, un détail, et puis merde pourquoi pensais-je à ça ? Je me lave les dents, une douche rapide, tout est en ordre ! J’accélère le pas car j’ai mis le réveil à sonner plus tard ce matin, et merde ces foutus pensées de la journée de travail qui m’attend commencent à refaire surface … Respires, habilles toi calmement, ça va aller : ” ZEN ” .

Sans m’en rendre compte je suis déjà installé dans le métro, enfin plutôt empilé comme sur un jeu de dames dont les pièces seraient trop serrées les unes des autres . Je suis entouré de visages qui me sont totalement inconnus alors que j’ai dû les croiser un millier de fois, bref, c’est sans importance, à ce moment je croise un regard qui me fixe et me met très mal à l’aise, bordel qu’est-ce qu’il me veut celui-la ? Je sors mon smartphone et repense aux tâches qui m’attendent tout en commençant à empiler des carrés bleus sur des verts, puis des oranges … Chouette ! Une ligne, puis deux ! Jackpot !!! Niveau 120, depuis le temps que je bloquais au 119 … Un sans-abris lance sa jérémiade matinale, seul quelques personnes semblent le regarder et l’écouter, pour ma part il me met surtout mal à l’aise, et quand il passe devant moi je fais mine de lever la tête par respect, et encore ça c’est ce matin, bien souvent je ne m’en donne pas la peine ou ne le remarque peut-être même pas …

Ah, me voilà sorti du métro, un vague sentiment de liberté m’envahit . Je rejoins mon travail d’un pas assuré et confiant, tout sourire, je croise un collègue qui n’a pas très bonne mine, comme tous les matins d’ailleurs, et lui lance à la cantonade : ” Ne t’inquiètes pas va, c’est bientôt le weekend ! Et à ce qu’il paraît ils annoncent du soleil ( clin d’œil ) ” . Il me sourit timidement et continu son chemin … Me voilà dans mon bureau, mon assistante m’apporte le café dont je ne peux me passer le matin, ça m’aide à me remettre d’aplomb, tout comme la vue de ses belles jambes et de ses yeux couleur océan d’ailleurs … Des pensées m’envahissent, je les chasse rapidement de mon esprit et me lève . J’observe, du haut de ma tour, heu de la tour dans laquelle je travail, les hommes semblables à des fourmis, qui s’agitent en bas …

Les heures défilent, la nuit est tombée, il est temps que je rentre . Dans le métro les mines semblent moins défaites, quoi que certains visages semblent avoir sombré dans l’oubli, alors que d’autres, au contraire, affichent un sourire radieux et presque niais, comme si c’était la première fois qu’ils découvraient la vie ( sourire ) … Mais très vite ce spectacle me lasse et je compte bien passer le niveau 120 avant d’arriver chez moi, je pourrai l’annoncer à ma femme qui sera folle de jalousie ! Bon ça sera pour une autre fois ( pensée : Merde ! ) … Me voilà enfin arrivé, dieu merci, je vais enfin pouvoir me relaxer et profiter de la nouvelle série qu’un ami m’a conseillé, et embrasser ma femme bien sûr … La fatigue vient vite, ma femme semble préoccupée, elle rumine à propos d’un travail qu’elle n’a pu finir aujourd’hui ; pour la rassurer je lui dit : ” Allé tout va bien aller, je suis sûr que tu vas gérer ! Et tu sais quoi ? Plus que deux mois et nous serons en vacances, nous pourrons lézarder sur la plage sans penser à tout ça, derrière le boulot ! ( grand sourire ) ” … Elle me sourit puis s’endort épuisée, je ne tarde pas à la rejoindre dans les bras de Morphée . Cette nuit-là, comme quasiment tout les soirs, je ferai un tas de rêves sans sens, souvent perturbants, bizarres … Bref, après-tout ce ne sont rien de plus que des rêves …

    Détails

  • Métro9à Billancourt.
  • Une rencontre faite le 17 janvier 2018.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mercredi 17 janvier.