Main basse sur un passager du hasard

Chère inconnue qui lisait ce matin vers 9h00 sur la ligne D du RER, entre Gare du Nord et Châtelet un livre à la couverture rouge et blanche qui devait être “Comment l’Etat va faire main basse sur votre argent”,

Je vous ai aperçue de dos sur le quai de la Gare du Nord… quand la rame est arrivée le long du quai, vous avez hésité et avez bifurqué vers la gauche pour monter dans la voiture en choisissant de ne pas monter à l’étage. Assise sous l’escalier, dans le sens de la marche, vous vous êtes plongée dans votre lecture en relevant la tête pour écouter la supplique d’une jeune fille qui faisait “la manche” en évoquant sa situation de grande précarité… Et là, vous avez, plusieurs fois, croisé mon regard puisque je m’étais assis face à vous, sciemment je le confesse, afin de vous observer tout à loisir…

Un regard (le mien) qui se voulait bienveillant et pas forcément insistant même si vous avez certainement décerné chez moi l’envie d’attirer peu ou prou votre attention…

Quant à votre propre regard, d’un vert qui m’évoque une perle de jade pailletée d’or et d’ambre, il est de ceux, rares, qui donnent envie de s’y plonger comme en un lac d’oubli…

Qu’ajouter ? que vous avez infiniment d’allure, un charme forcené allant de votre crinière moins rousse que vénitienne à votre veste seyante… et que si d’aventure ce message vous parvient, je serais comblé de pouvoir me replonger dans votre regard… pour commencer…