Vraie-fausse blonde à mèches (ou peut-être pas)

T’es peut-être montée à Bonne Nouvelle ou bien à Strasbourg Saint-Denis aux alentours de 19h30. J’étais dans l’avant-dernier wagon (comprendre à l’arrière dans le sens de la marche). C’était assez bondé. Il se peut également que ce soit à Grands Boulevards voire Richelieu Drouot ou Opéra, avant 20h, peu importe. Bref. Pour ma part, j’étais debout dans un coin, un sac (d’une marque sportive qui a pour logo un animal appartenant à la famille des félidés) tenu dans les mains au niveau de mes genoux. Je t’ai bien vu t’avancer timidement en mettant un pied devant l’autre pour ne pas importuner un autre usager, habillé tout en noir, qui s’était intercalé entre nous. A priori, t’es blonde mais je te soupçonne brune à l’origine. Tes tâches de rousseurs très légères ne trompent pas. Bon, ces mèches te vont plutôt bien… même si c’est vrai qu’à ta place, j’aurai choisi une couleur un peu plus discrète.

T’as jeté un regard dans le reflet de la vitre qui s’est posé sur le mien. T’as esquivé aussitôt. C’est normal, j’impressionne. A la station suivante, l’homme en noir qui nous séparait est descendu. Tu t’es rapprochée de moi en me tournant le dos. Certainement un avant-goût de ta position préférée. T’as tendu le bras pour t’accrocher au montant. Tu portais un vernis à ongle rouge vif. Bon, là encore, j’aurais choisis une autre couleur à ta place. Mais ça ne fait rien parce que tu restais quand même regardable. A la station suivante, il y avait encore plus de monde. Et plus on se sentait serré, plus tu t’écartais de moi alors qu’il n’y avait plus personne entre nous. J’avais déjà compris que t’essayais de me protéger - peut-être avais-tu deviné que j’étais claustrophobe. Et puis Invalides est arrivé et je suis descendu en murmurant un léger “pardon” pour me frayer un chemin et descendre. En me retournant, tu ne me regardais pas. J’avais compris qu’à ce moment-là, tu regrettais déjà de ne pas m’avoir adressé la parole. Mais grâce à CDLM, ton erreur peut être réparée. A bientôt.