En passant…

ça ne m’était jamais arrivé et je n’ai pas osé. J’ose si peu, d’ailleurs, que je n’ose vous tutoyer. Nous sommes jeunes, pourtant, pas même 30 ans. Quand je suis montée, ligne 10, avec un ami, à Odéon, vous écoutiez de la musique, dans vos pensées. Vous déranger ? Je n’ai pas osé. Mais votre allure, pourtant, attirait mon attention. Vous étiez grand, brun, charmant et l’air intelligent, vous l’avouer? Je viens d’oser.

A la volée, entre deux stations, je vous observais, sans rien prétendre ni espérer. Je n’oserais ! Et l’air de rien, naturellement, j’ai continué ma conversation, mais vous saviez. Quand à Duroc, mon ami est descendu, fourbu face aux 9 étages qui l’attendaient, j’ai soudain remarqué que vous n’écoutiez plus de musique. Hasard pur de la situation ? Peut-être, même, aviez vous suivi la conversation. Ah, si j’avais osé l’indiscrétion …

J’aurais pu plaisanter, j’ai hésité. Me suis ravisée, et me suis échappée, avec distraction, dans “100 expressions à sauver”. Ouvert au hasard, j’y ai trouvé : Courir le Guilledou. J’ai souri en lisant son histoire et sa signification. J’ai tourné quelques pages : Sapé comme un milord. A la réflexion, vous étiez élégant, alors j’ai souri à nouveau.

A La Motte Piquet Grenelle. Les yeux rieurs, vous êtes descendu de la rame. Le dos tourné, vous saviez que je vous regardais. Et vous amusiez peut-être, de me savoir déçue. Mon audace escamotée, un peu piquée, je vous laissais donc, vous envoler. Le printemps n’est pas fait d’une l’hirondelle.

et a une heure du matin, la sotte piquée grommelle.