TRES (j’insiste) jolie brune, manteau noir, jean, de Denfert à Bir-Hakeim, 10h30

Le carosse : Ligne 6, de Denfert-Rochereau à Bir-Hakeim.

Le moment : entre 10h20 et 10h30, le mardi 28/01/2014 (il fait froid et gris - bref, pareil que depuis 3 mois).

Le monsieur (c’est moi donc ; faut suivre un peu) : brun, avec des cheveux un peu dans tous les sens, plutôt courts. Pas rasé. Limite barbu en fait (enfin pas non plus imam quoi). Veste bleue marine (en vrai je connais que 3 couleurs, du coup je fais un effort là), pantalon noir, chaussures noires. Une sacoche en bandouillère (une sacoche d’appareil photo très exactement), une sacoche à main (noire), des écouteurs blancs (qui rentrent dans les oreilles, inconfortable et tout). Terriblement par réveillé (mais alors, vraiment pas), regarde longuement et profondément (?!) ses pieds, au loin, le vide, la porte (c’est visiblement la conséquence inévitable du cumul de la fatigue et de la gêne).

La madame (c’est la motivation principale de ma démarche insensée ici ; faut vraiment que j’explique tout ?) : brune, des yeux sombres, la peau légèrement mat, un manteau noir, un jean plutôt clair (avec des trous dedans, même) (du coup, elle devait être pauvre), un sac noir (grand) (mais peut-être taille “standard” pour une femme finalement), duquel s’échappe ce qui pourrait bien être une écharpe un peu grise (ou un animal mort, ou un rideau, ou un rideau fait en animal mort). Terriblement jolie, et insupportable de charme.

La situation : la madame était appuyée sur une rangée de strapontins côté quai, dos au trajet, le sac posé sur un strapontin (au moins momentanément). Le monsieur était tenu plus ou moins fermement à la barre, puis lui aussi adossé à une rangée de strapontins, face au trajet, mais surtout à la madame (non parce que le mouvement n’avait aucun intérêt sinon). La madame et le monsieur ont pu bénéficier d’une interprétation musicale de qualité discutable (un vieux monsieur touchant chantait mal du brassens dans un micro) juste avant Bir-Hakeim, ce qui provoqua chez la madame un air perplexe. La madame est descendue devant le monsieur, au même endroit.

Le message du monsieur à la madame, relatif à la situation dans le carosse, au moment précisé infra (aussi appelé “poème du pauvre”) (nb : les manoeuvres dramatiques d’interprétation sont laissées à l’appréciation du lecteur, mais on notera quand même que le monsieur a l’air terriblement passionné) :

Madame, à défaut de parvenir à me réveiller, votre charme a définitivement touché l’ours que je suis…

De la sorte : c’est rare pour ma part.

Assez pour que j’échoue ici - *soupir*, triste lien abstrait vers le souvenir de votre étincelle.

Je ne comprends pas ; le subtil mélange de tétanie et de caresse que vous avez provoqué, s’offrant un chemin de délice dans ma létargie matinale, a retenu tout acte sensé.

Il s’agissait au moins de vous dire “Vous êtes vraiment très jolie - merci”.

Qu’on me permette l’absurde folie de croire qu’un hasard opportun vous amènera ici, que vous parviendrez à tout lire (BORDEL, la plaie !) - et que… bon après on verra, j’improviserai.

    Détails

  • Métro6à Denfert-Rochereau.
  • Une rencontre faite le 28 janvier 2014.
  • Rédigé par un garçon pour une fille.
  • Publié le mardi 28 janvier.