Dé-bite-r, me con-fesser, re-cul-er

Pourquoi avais-je besoin de tous les posséder? Pourquoi devais-je tous les baiser? Les faire jouir? Les regarder m’investir? Les sentir perdre pied ? Plus que deux violons qui joueraient l’été, les quatre saisons de Vivaldi , nous devions être accordés de nos langues à nos sexes. De leur archet glissant contre la seule corde du plaisir ils créaient successivement l’aigu des coups de reins, le grave de l’orgasme; enfin, le silence de la délivrance annonçant le repos. Au détour de ces creux, bosses, sillons et étendues grisés d’ombre ou éclatants de lumière je ne désirais qu’une chose…qu’ils soient la vague, moi l’île nue. Je les aimais tendres et sauvages. Les Robinson mal rasés d’un vendredi ensoleillé et moite. Je souhaitais les voir faire naufrage en moi, sur moi, contre moi, avec moi. Scruter leurs pupilles se dilater, quand, soudain, leur écume décidait de laisser son empreinte sur mon grain, non de sable, mais de peau. Les admirer se cramponner à mes seins comme à un radeau pour garder la tête hors de l’eau. Au moment où ils libéraient leur semence, je leur souriais, non sans coquetterie, moi l’ingénue nymphomane, la scandaleuse innocente et la plus tout à fait immaculée midinette. Je ne les aimais pas. Enfin pas comme il aurait fallu que je les aime. Je ne voulais rien leur promettre, une fois nos corps nettoyés, nos habits renfilés, la chambre quittée, le dernier regard échangé. Pourquoi lui et pas un autre, pourquoi un autre et pas lui? Tout simplement « parce que c’était lui, parce que c’était moi » [à cet instant] aurait dit Montaigne.

    Détails

  • Métro2à Blanche.
  • Une rencontre faite le 14 avril 2014.
  • Rédigé par une femme pour un homme.
  • Publié le lundi 14 avril.