We’re not alone ( #2 )

” J’ignore pourquoi je commence toujours la lecture de Libération par la page des messages personnels. Ou plutôt, si j’en juge par le premier degré avec lequel je les parcours, je sais très bien pourquoi : j’éprouve toujours une réelle déception de ne pas faire l’objet d’un message désespéré de la part d’une inconnue. Pourtant Dieu sait que je passe du temps dans les métros, les autobus, les RER, les terrasses de cafés ! Suis-je si insignifiant, imperceptible ?

Ce matin là pas davantage que les autres, aucune ligne me concernant et m’idéalisant ( Brun, grand, yeux bleus, vêtu de noir, lisant La Princesse de Clèves, vous étiez assis en face de moi lundi 4 ligne 7 vers 16h30, nous nous sommes regardés et souri, vous êtes descendu à la station Palais-Royal je n’arrive pas à oublier votre regard, je regrette de ne pas avoir osé, je suis envoûtée, contactez-moi ) n’était publiée dans la rubrique des messages personnels. ”

Eric Reinhardt, Cendrillon, 2007.