Pour toutes les femmes de cinquante ans

Franchement, je n’y arrive pas. J’ai beau relire votre texte, je n’y arrive pas.

Comprenez vous comme il peut être perçu comme terriblement balourd et maladroit de redire - parce que vous aviez déjà écrit ce texte il y a quelque mois- aux femmes qu’elles vieillissent ?

Je ne supporte pas ce regard plein de commisération. La mention ” comment ne pas avoir envie de prendre dans ses bras” etc. Déjà, assurez vous qu’on vous y invite, à prendre dans les bras. Vous pouvez méditer aussi ce mot de Sade : ” je ne suis point consolant, Justine : moi, je suis vrai “.

L’humain vieillit, effectivement. Diriez vous d’un homme de cinquante ans qui porte costume et chemise qu’il est ” demeuré masculin” ? Je ne pense pas.

Je vous invite, j’invite tous les lecteurs, à lire un livre de Pierre Bourdieu, qui s’appelle ” la domination masculine”’. Je pense qu’il y a un avant et un après lecture, pour ce livre, dans l’apprentissage des relations. Où l’on s’aperçoit que le sexisme est partout. Dans les discours, dans les phrases, souvent sans qu’on y prête plus attention. Que des mots lâchés comme ça au milieu de phrases en disent parfois très long sur une personne. Les mots savent de nous des choses que nous ignorons d’eux.

Vous me rassurez en précisant que la féminité ne s’arrête pas aux vêtements. Je suis d’ailleurs d’avis que les gens portent les fringues dans lesquels ils sont bien, plutôt que dans un but de séduire ou faire plus féminines. Je ne pense pas que la jupe ait fonction. Elle l’a, malheureusement, dans notre société, pour des primaires. Vous précisez dans le même message être davantage attiré de prime abord par une femme que par un garçon manqué, puis quelques lignes avant ou après, ne pas vous arrêter aux contingences physiques, contrairement à la majorité des personnes sur ce site ( la majorité appréciera ). C’est une contradiction de plus.

J’ai beaucoup de proches dans cette tranche d’âges. Je suis sorti avec des filles de 20 à 55 ans, j’ai un métier qui me fait côtoyer tous les âges, ma meilleure amie a soixante cinq ans. Je me demande si vous les connaissez vraiment, ces femmes dont vous parlez. La plupart sont ultra épanouies, à mille lieux du tableau misérabiliste que vous dépeignez. Ont souvent des problématiques autres que leurs cheveux blancs ou leur corps, des enfants ados et tout ce qui va avec. Des maris qui, peut être, n’ont pas le temps ou l’énergie de leur composer élégies,mais qui se réveillent tous les matins avec elles depuis vingt cinq ans.

Elles font le bilan effectivement, et quand elles se retournent, la majorité d’entre elles sont bien dans leurs pompes. Elles parlent de leur jeunesse pas avec nostalgie, plutôt avec un éclat dans les yeux, une beauté qui dit ” wow, j’ai vécu ça”. Le temps passe mais souvent, comme elles revivent ces printemps à travers leurs enfants, elles acquièrent une certaine sagesse et sourient à la vie. Sont en paix, et là c’est un point d’accord avec vous, la paix qu’on peut ressentir à cet âge là et que vous mentionnez aussi.

Mais, et c’est ici aussi que nos opinions divergent, je pense vraiment que quand elles veulent oser, elles osent. Pas la peine vraiment de les prendre en fragiles petites créatures qui doutent. Je n’aimerais pas qu’on se propose de me protéger quand je n’ai pas demandé protection, je trouverais cela intrusif et maladroit. Mes potes pensent pareil. :-)

    Détails

  • RERbà Gare du Nord.
  • Une rencontre faite le 6 juillet 2014.
  • Rédigé par un homme pour un homme.
  • Publié le dimanche 6 juillet.