Un baiser fugitif

C’était dans le RER B, à la station Cité Universitaire (direction centre), un dimanche de janvier. Je ne suis pas très sûr de la date, mais je me rappelle que Paris était recouvert de neige ce jour-là. C’est pourquoi, après mon cours de piano, je m’étais attardé au parc Montsouris et je suis arrivé à la station plus tard que d’habitude. Vers 11h40, donc, je suis monté tout au bout du dernier wagon de la première moitié de la rame, dans le compartiment un peu isolé, sans sièges, qui jouxte la cabine du conducteur. Juste après, je t’ai vue arriver en courant et monter dans ce même compartiment. La porte s’est refermée, le train est parti et nous étions restés seuls.

Je suis assez petit, cheveux bruns plutôt courts, yeux marron, barbu ; je portais un sac à dos noir, un gros manteau noir, un jean (bleu) et des chaussures marron. Quant à toi, sous le coup de l’émotion, je n’ai pas très bien retenu comment tu étais. Il me semble que tu portais des bottes noires à talons et une jupe (ou peut-être une robe).

En me voyant, tu m’as demandé directement : “Tu veux un bisou ?” Très surpris, j’ai d’abord fait un pas en arrière, puis, flatté, j’ai accepté. On s’est d’abord fait la bise, puis tu m’as invité à t’embrasser sur la bouche. Nos lèvres ont à peine eu le temps de s’effleurer, mais ce bref contact m’a laissé palpitant d’émotion - car sans le savoir sans doute, tu m’avais offert mon premier baiser. Je n’oublierai jamais la sensation de tes lèvres sous les miennes.

Mais à ce moment-là, le train est arrivé à Port-Royal, où je devais descendre. Tu m’as demandé de rester, et crois-moi, s’il n’en tenait qu’à moi, je l’aurais fait bien volontiers. Cependant, un ami m’attendait pour manger au resto universitaire, pour une discussion importante sur un exposé que nous devions préparer pour le lendemain. J’ai donc dû partir - après t’avoir lancé un “Merci !”, accompagné d’un grand sourire.

J’ai essayé de remonter dans la même partie du même train, à la même heure, le dimanche d’après, mais évidemment, je ne t’y ai pas retrouvé. Malheureusement, le rythme de mes études est tel que je ne peux pas perdre une heure chaque semaine à essayer de prendre le même train que toi : j’ai donc abandonné mes tentatives. Mais si jamais tu lis ce message, sache que cela me ferait très plaisir de pouvoir t’embrasser à nouveau (cette fois-ci en ayant tout le temps pour nous) ! Quoi qu’il en soit, je voudrais te remercier encore une fois pour ta générosité. De la brève conversation qu’on a eu, il m’a semblé qu’on n’avait pas grand-chose en commun. Il n’empêche que tu as apporté un rayon de soleil dans ma vie, ne fût-ce qu’une éclaircie passagère. Grâce à toi, j’ai été heureux pendant cinq minutes.

    Détails

  • RERbà Cité Universitaire.
  • Une rencontre faite le 10 janvier 2009.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mercredi 24 mars.