L’un près de l’autre

Mon coeur s’est emballé plus que sur n’importe quelle montagne russe.

Je suis monté à Mabillon, et nos regards se sont croisés une fois, à ce moment. Je ne crois pas qu’on ai recommencé. Furtivement peut être, dans la vitre. Blonde aux grands et beaux yeux, tu avais une veste en cuir noire, un jean ‘skinny’ comme ils disent dans les boutiques, délavé, avec pas mal de blanc dessus, et des baskets colorés qui ressemblaient fort à des Nao. Un vernis rouge. Brun, barbe de 2 jours et 8h, j’avais une chemise bleue, un jean foncé, une sacoche verte horrible en bandoulière pour appareil photo, et un sac plastique remplis de trucs apéros.

Je ne sais même plus si tu étais assise sur un strapontin ou pas quand je suis rentré. Quoiqu’il en soit vite il y a eu un peu de monde et on s’est retrouvé plus ou moins côté à côté, j’étais à gauche, en retrait, le visage perdu dans tes cheveux. Et plus le trajet avançait, plus les remous des voies nous jetait doucement l’un contre l’autre. Le train s’est vidé, et pourtant on a pas bougé. On aurait dû regagner notre espace, cette distance qu’ont tous les inconnus, mais non. On est resté là, accroché à la même barre, à se frôler, sans se regarder, à se toucher à chaque cahot, ma main qui venait taper contre ta hanche. Ou l’inverse, peu importe. Je me sentais comme un gamin qui découvre les filles. Le feu dans le ventre, l’adrénaline. Et alors qu’on était plus que 3 ou 4, tu n’as pas bougé. Et moi non plus. On se tenait là comme si on se connaissait depuis toujours. Comme deux gosses qui refusent de rentrer après les cours pour rester jouer ensemble. On défiait tout.

Mais Javel nous a séparé. Contact rompu. On est descendu, tu es redevenue une inconnue. Je te suis passé devant sans un regard en me disant que tout ça n’était n’était que dans ma tête. Mais non, j’étais toujours en train de planer. Alors je me suis retourné pour te parler, tu avais disparue, aspirée par une autre sortie et relâchée dans la grande ville.

Si jamais tu veux qu’on s’y recroise.

    Détails

  • Métro10à Mabillon.
  • Une rencontre faite le 23 août 2014.
  • Rédigé par un garçon pour une fille.
  • Publié le dimanche 24 août.