Tu étais assise à côté de…

Tu étais assise à côté de moi, sur le strapontin. J’étais debout et mon regard errait sur la vitre vide, où un rayon de lumière passait de temps à autre. Pourquoi t’ai-je remarquée ? je ne sais pas. Un frisson passe encore dans ma peau quand je repense à toi.

Je t’ai regardée un instant, quand tu t’es assise, et quelque chose dans tes yeux clairs a emporté ma pensée, et ce soir c’est encore à toi que je rêve.

Tes jolies mèches descendaient sur ton front, et j’apercevais tes doigts courir sur ton téléphone. Une petite bague brillait, et de jolis bracelets encadraient ton poignet. Ton pied tambourinait le sol doucement, et de temps en temps, tu levais la tête pour regarder le point lumineux sur le plan du trajet.

Sais-tu qu’à ce moment, mon cœur battait à tout rompre ? Ta présence à côté de moi était si douce, et j’en concevais quelque chose de si extraordinaire, que j’aurais voulu que le métro ne s’arrête jamais, et que nous fassions une vie de ce voyage.

J’avoue ma folie : je m’imaginais te connaître. Je m’imaginais te sentir près de moi, ton épaule soucieuse s’appuyer sur moi, ces cheveux onduler près de mon souffle, et sentir ta joue se découvrir comme la rosée du matin ensoleillé. Tu es toute proche, je vois tes mains m’appartenir, tes petits doigts se jouer d’un rien dans le creux des miens, ton regard errer sur les choses qui nous entourent. Je t’entends respirer, tes lèvres qui se dessinent en sourire, et toute ta vie dans tes yeux. Ma main caresse tout ton être, et je ne pense qu’à une chose : n’être qu’Un avec toi…

Je n’ai pas encore avoué toute ma folie : je songeais aussi à toi, marchant à mes côtés, avec tes soucis et et tes bagatelles. Mon bras soulève un poids qui te dépasse, un sac où tu as mis des courses folles, une partie de ton être que je veux aimer aussi. Tes soucis vont parfois loin, et je les accompagne, pour revenir avec un bouquet de marguerites qui te rend joyeuse. Tu es assise, et tu fais de petites choses, en pensant à tout. Alors je m’assois, je te regarde, et je me perds à contempler cette petite vie, que Dieu a envoyé près de moi, et je ne pense qu’à une chose : n’être qu’Un avec toi…

Tu penses sans doute que je suis fou, mais tu ne sais encore rien de ma folie : je te voyais au creux de mes bras, sentant ton âme s’élever quand ton corps se blottit contre moi, et tu tiens un enfant dans tes bras. Ton regard l’entoure et le câline, et moi je vous regarde tous les deux, et je songe que je fais partie de vous. Mes mains se posent sur les tiennent, et tu balances l’enfant doucement, en chantonnant, et je regarde ton visage ravi, et j’effleure tes cheveux dansants, et ressens pour la première fois que l’éternité peut être vécue ainsi, avec toi près de mon cœur…

Une voix tonne dans le métro. Les portes s’ouvrent, et tu descends, laissant un souffle sur moi en passant. Je ferme les yeux pour ne pas te voir partir, car je sais que je te perds au même instant. Et je songe… à tous les hommes qui te tiendront dans leurs bras, à toutes les passions qui passeront en deçà de toi, à tous les amours qui n’égaleront peut-être jamais ce que j’ai conçu pour toi, en un instant, durant ce trajet. Un vœu s’envole de mon cœur : je te souhaite heureuse, je te souhaite vivante, je te souhaite amoureuse, et que l’homme qui osera jamais te sourire t’offre son cœur, et soit digne de ton amour.

Puisses-tu être aimée à jamais comme je t’ai aimée pour une minute…

    Détails

  • Métro5à Bastille.
  • Une rencontre faite le 25 septembre 2014.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le jeudi 25 septembre.