Nous nous sommes croisés sur les…

Nous nous sommes croisés sur les quais de la station Concorde. Vous promeniez, d’un pas si léger que vous paraissiez marcher sur l’eau, vos très longs cheveux bruns et dorés, attachés par un petit nœud noir, et moi je vous suivais de quelques pas, dans mon grand manteau noir, le cou cerclé d’un foulard écossais. Après un échange de quelques regards, la foule nous a pressés dans les tréfonds du wagon, d’où je ne pouvais plus distinguer de vous que ce petit ruban noir, car vous me tourniez encore le dos. Lorsque je suis descendu à la station Lamarck-Caulaincourt, vous étiez plonger dans la lecture d’un livre (un 10/18 je crois). J’ai tâché d’en découvrir le titre, mais à cet instant, la porte s’est refermée, et le métro prit son essor, et comme le quai demeurait quant à lui tragiquement immobile, j’eus à peine le temps d’échanger avec vous un dernier regard, que vous aviez disparue dans les ténèbres d’un tunnel.

J’aimerais bien savoir ce que vous étiez en train de lire….