Retour de concert : brune en manteau sombre, avec son amie blonde.

Il devait être 20h00 ou 20h30, ce mercredi 11. Tu rentrais, je pense, du même concert que moi, avec une amie blonde aux cheveux longs. Je ne t’ai aperçue qu’en rentrant dans le wagon, mais il m’a suffi d’une seconde pour te reconnaitre. Je te reconnaitrais entre mille …

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Je ne savais pas que tu venais. Pourquoi ne me l’as-tu pas dit alors que je te le demandais ? Pourquoi ?

Que pouvais-je faire puisque, de toute évidence, tu ne veux plus me parler ? Je t’ai donc évité à dessein, en me plongeant dans mon bouquin. Jane Austen : je trouvais ça plutôt drôle et spirituel jusqu’à ce soir. Maintenant, je ne lis plus que des sutras.

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Oh ! Piètres dons d’acteurs que les miens. Arrivé à Saint-Lazare, j’ai bondi hors du train pour ne pas t’imposer le désagrément d’avoir à me saluer, pour ne pas te faire honte devant ton amie, pour ne pas me liquéfier à tes pieds. C’était vraiment pathétique. Mais tu n’as pas vu le pire de la soirée.

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Qu’espérais-tu gagner par ton silence ? Que je te haïsse ? Je ne te haïrai point, ni en cette vie, ni dans les suivantes, si toutefois il y en a. Je préfère encore me haïr moi-même. Mais pour ce faire, j’aurais aimé savoir pourquoi. Savoir ce que j’ai fait, et quel crime impardonnable j’ai commis, pour mériter ça. Mais comment le saurai-je si tu refuses de m’adresser la parole ?

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J’avais le cœur serré. Si j’avais été une femme, m’aurais-tu accordé ton amitié ? M’aurais tu prêté de mauvaises intentions ? Qui donc t’a ainsi endurci contre les hommes ? Nous ne sommes pas tous guidés par nos quéquettes, tu sais. Il nous arrive aussi d’aimer les gens pour ce qu’ils sont plus que pour ce qu’on en espère. Me serai-je donné tant de mal pour t’envoyer loin de moi, au bout du monde, si j’avais simplement voulu te “posséder” ?

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Ah, quelle blessure que d’être ramené au rang d’un animal incapable de comprendre et de tolérer un simple « non, je ne veux pas te voir » !

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Tu ne liras pas ce message évidemment. Mais d’autres peut-être, y trouveront de quoi réfléchir. Qui sait ?

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Mesdames, je vous en prie, faites votre cette maxime qu’on applique aux criminels dans tous les tribunaux : « tout homme est présumé innocent avant d’avoir été jugé coupable ». Faites preuve de bienveillance envers vos courtisans. Parmi eux, il peut se trouver des justes. Ne les blessez pas. Le monde est ce qu’on en fait. La bonté engendre la bonté, là où la rudesse blesse. Rendez le monde meilleur : soyez humaines, même avec vos ennemis.

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Et vous mes chers amis, mes compagnons d’infortune, qui avez été ignorés plutôt que simplement rejetés, gardez foi en vous mêmes. Ne laissez pas les vicissitudes de ce monde endurcir vos cœurs. Ne faites jamais payer à autrui, la violence donc vous fûtes victimes de la part d’un tiers. L’erreur est humaine. Pardonnez et ne désespérez point. Comme je le disais, le bien engendre le bien. Tôt ou tard. Ne commettez pas l’irréparable.

. 急急如律令

    Détails

  • Métro13à Invalides.
  • Une rencontre faite le 11 février 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le samedi 14 février.