Loin de Moi

Loin de moi et semblable aux étoiles, à la mer et à tous les accessoires de la mythologie poétique,

Loin de moi et cependant présent à ton insu,

Loin de moi et plus silencieux encore parce que je t’imagine sans cesse,

Loin de moi, mon joli mirage et mon rêve éternel, tu ne peux pas savoir.

Si tu savais.

Loin de moi et peut-être davantage encore de m’ignorer et m’ignorer encore.

Loin de moi parce que tu ne m’aimes pas sans doute ou, ce qui revient au même, que j’en doute.

Loin de moi parce que tu ignores sciemment mes désirs passionnés.

Loin de moi parce que tu es cruel.

Si tu savais.

Loin de moi, si joyeux comme la fleur qui danse dans la rivière au bout de sa tige aquatique, ô triste comme sept heures du soir dans les châmpignonnières.

Si tu savais.

Loin de moi, volontaire et matériel mirage.

Loin de moi, c’est une île qui se détourne au passage des navires.

Si tu savais.

Si tu savais comme je t’aime et, bien que tu ne m’aimes pas, comme je suis joyeuse, comme je suis robuste et fière de sortir avec ton image en tête, de sortir de l’univers.

Comme je suis joyeuse à en mourir.

Si tu savais comme le monde m’est soumis.

Et toi, bel insoumis aussi, comme tu es mon prisonnier.

O toi, loin-de-moi, à qui je suis soumise