Lunettes de soleil, veste de cuir, cheveux en ordre

Ce que les gens sont impatients décidément, et ne parlons pas de ces soupirs ! Comme si une situation cocasse, j’entends une coupure d’électricité au motif qu’une personne se promènerait dans le tunnel en direction de Charonne_ manquait plus que ce soit à la station d’après, ne présentait pas assez d’humanité pour qu’il faille y ajouter la vulgarité.

Je conserve encore en tête la transhumance du troupeau vers les péages pour piéton, mon dieu, et dire que je suis un de ces quidams.

Il n’empêche, une coupure d’électricité, un arrêt prolongé sur le quai d’une station, alors que les wagons ne comptent pas beaucoup de voyageurs, ce n’est pas réellement inconfortable. Nos jambes ont de l’espace, évidemment nous sommes assis, parfois sans aucun voisinage. Pourtant hier matin tu étais en face de moi à réconforter discrètement ton compagnon, le séant posé à côté du tien, peut-être ton mari, je n’ai pas examiné tes petites menottes.

Je n’ai pas non plus entendu la conversation, hormis à ses débuts lorsqu’il se plaignait de l’incompétence, ou bien de l’insuffisance de ces collègues de boulot. Tu peux le remercier, je ne m’y suis pas intéressé, plutôt envie de retourner à Verrières, village bucolique à l’intrigue brûlante.

Quant à toi, les yeux azurs et le regard doux, tu posais très souvent ta main sur la sienne, tu avais l’air si attentionné à ses pauvres problèmes. J’espère que je ne lui ressemblerai pas tu vois, vous étiez en effet un peu plus âgés, que dis-je un peu plus mûrs, et lui était déjà vieux (encore plus con et plus poussièreux, un ange du tertiaire bien plus crispé que lui s’est assis entre-temps à côté de moi, j’ai abhorré son parfum puant et sa façon de balayer d’une main le direct matin pour s’asseoir).

Cela finira bien par arriver, je ne pense pas que je remettrai mon projet de vous aborder.

    Détails

  • Métro9à Voltaire.
  • Une rencontre faite le 3 juin 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mercredi 3 juin.