Quand un bus en retard occasionne une sympathique conversation.

Vendredi soir, à la fin d’une journée de canicule, nous attendons tous les deux un improbable bus en direction de Gonesse, son passage sans cesse annoncé, puis reculé… Je risque d’arriver en retard au travail, et vous, vous vous impatientez, car vous attendez depuis plus longtemps que moi, sous la chaleur encore intense… Vous engagez la conversation, puis un bus se présente enfin, mais évidemment tellement bondé que nous renonçons à y monter, c’est tout simplement impossible ! Nous prendrons le suivant, il est annoncé dans deux minutes : bonne idée, nous y serons assis, nous !

Ceci nous permet de poursuivre cette sympathique conversation entre deux inconnus, qui semblent avoir besoin de ce moment d’échange… Nous parlons entre autres des embarras de circulation exceptionnels de la matinée, puis de ce temps béni où cette partie de la banlieue offrait encore à votre enfance quelques espaces semi-naturels comme aire de jeu, là où désormais s’élèvent bâtiments d’habitation et plates-formes logistiques. Vous, la soixantaine au moins, probablement retraitée, pas spécialement jolie, mais prenant apparemment soin de votre présentation : joli chapeau, maquillage réussi (donc pas excessif), séduisante robe d’été laissant voir sans complexe un joli soutien-gorge, habillant une poitrine qu’on devine toujours aussi belle que dans votre jeunesse. Impossible pour un homme de ne pas avoir l’œil attiré par les beautés qu’une dame offre à son regard !… Et les femmes de votre âge ont souvent de vrais atouts de séduction ! Encore vaut-il mieux qu’elles y croient, désirent et osent se mettre en valeur.

J’ai aimé ce moment ; vous n’aviez pas de bague aux doigts et vous sembliez seule dans la vie, comme on dit. Et vous manifestiez le désir d’attirer le regard des hommes, pour le moins, mais ceci n’implique pas le choix de nouer une relation, qu’elle soit brève ou durable… Qui êtes-vous vraiment, je ne le sais, évidemment… Êtes-vous heureuse, je peux le penser, mais cela n’exclue pas qu’il manque une source de bonheur à votre vie : la résignation à la solitude existe, elle est souvent le fait des dames vieillissantes, que ce soit par déceptions accumulées ou par désespoir, et l’on trouve alors en soi et autour de soi, tant bien que mal, des palliatifs… Je n’ai pas osé vous suggérer de garder un moyen de contact : peur de vous importuner, d’une part, d’être inconvenant, car je ne crois pas du tout que vous vous attendiez à ce genre de proposition… Peur de décevoir ensuite, aussi, car une première rencontre ne dit pas suffisamment sur les désirs mutuels et sur les compatibilités… Peur de votre âge, certainement pas, mais de la différence d’âge, un peu, c’est vrai, car je vois toujours loin, a priori.

Je voulais juste vous dire merci, et vous souhaiter le meilleur, en particulier la vie amoureuse qui vous convient : « aventureuse », stable, fantasmatique… là, il n’y a pas de norme et rien dans notre conversation ne m’aurait permis de percer vos envies ! Vivez comme vous le désirez, mais continuez à oser la séduction tant que vous y trouverez une satisfaction (ce que je vous souhaite).

    Détails

  • RERbà Le Bourget.
  • Une rencontre faite le 3 juillet 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le dimanche 5 juillet.