A propos de café et de Rome antique…

Bonjour à tous et toutes,

La Rome antique avait sur les romantiques d’aujourd’hui le désavantage de ne pas connaître le café ; mais apparemment, cela ne nous avance guère…

Il y a eu ces derniers jours une jolie discussion sur ce site, entre une dame et nous, les hommes : touchante par cette sorte de désarroi qu’elle révélait, touchante par sa sincérité, touchante par sa bienveillance, jolie parce qu’elle parlait d’amour avec sensibilité et intelligence, avec aussi une certaine éloquence. Bravo pour ces textes si bien écrits !

De tels échanges, anonymes, j’en aimerais plus sur ce site (à quand un forum dédié ?), car c’est selon moi son principal intérêt, les descriptions physiques en trois lignes ne me font pas rêver. Et je ne crois pas à la bouteille à la mer… Leurs auteurs non plus, sans doute, ils viennent certainement plus ici pour s’épancher, mais alors je trouve dommage de ne pas y mettre plus de mots… On peut bien sûr échanger en privé, mais cela n’a pas la même portée et cela se résume en général à un courrier à sens unique, donc c’est limité comme « échange », c’est le moins que l’on puisse dire !

J’aimerais faire à la dame qui déplorait le manque d’audace des hommes une réponse qui reprend certains aspects de celle du monsieur qui lui a répondu publiquement avec tant de talent : quoiqu’assez réservé, la timidité paralysante reste pour moi une énigme, mais à une époque où un homme n’ose plus proposer son aide à une femme pour porter sa valise, de peur de la vexer ou de se voir accuser intérieurement de « machisme », et où l’on confond allègrement compliment respectueux (j’ai bien dit respectueux) et « harcèlement de rue », il ne faut pas attendre d’un homme, même non timide, qu’il ose aborder ouvertement une dame à laquelle il a fait de discrètes approches du regard, si cette dernière se mure dans une apparente indifférence : insister pourrait être considéré comme inconvenant et les hommes qui ne sont pas dragueurs professionnels s’en abstiendront donc. Au mieux, ils se contenteront de poursuivre leur contemplation discrète et emporteront de douces images pour alimenter leurs rêveries amoureuses. Si tant est qu’une telle froide réponse puisse laisser survivre un quelconque rêve, l’amour est tout sauf une simple question de beauté et la femme au visage de glace a peu de charme… Quant aux dragueurs, ils risquent de faire bien du mal à la romantique qui a donc de bonnes raisons de s’en méfier.

Une fois dans ma vie, il y a déjà bien longtemps, je m’étais autorisé en quittant un train, à déclarer spontanément à une jeune voyageuse que je la trouvais très jolie : simple compliment gratuit vraiment sans autre attente que de lui faire plaisir et de la remercier… La réponse a été un « merci » froid et pincé, limite agacé, pas même un sourire !

Le minimum est donc que la dame à qui l’on a montré son attention bienveillante et respectueuse ose esquisser un début de marque d’intérêt ! Sans aller jusqu’au regard « effronté au fond des yeux », qui peut intimider ou faire croire à une allumeuse, il y a le sourire discret, tout simplement, ou un regard légèrement complice, les premières réponses que nous attendons, et qui n’engagent en soi à rien, encore moins que l’invitation à boire un café, assurément !

En réalité, une rencontre fugace dans un lieu public est-elle le moyen le plus sûr de trouver l’amour (ce qui est, me semble-t-il, l’objectif des romantiques, plus que l’aventure d’une semaine), je ne le crois pas du tout : la chance d’une jolie fin est infime, car une apparence et un regard ne disent que peu ! C’est mon avis ! Pour moi, ces rencontres sont d’abord et avant tout des moments d’échanges privilégiés sans engagement, des moments de rêve pour personnes frustrées de l’amour qu’elles attendent, des moments où un homme peut offrir à une femme, même en couple, le plaisir de se sentir admirée, et mieux, avoir le bonheur de comprendre que le message a été agréablement reçu. Un moment où les hommes et les femmes peuvent se dire qu’ils s’aiment…

Amour que malheureusement un certain nombre de femmes à la psychologie à mon avis un peu perturbée, peut-être minoritaires mais tendant à tenir le haut du pavé, s’ingénient à saper insidieusement, en montant les unes contre les uns ! Quand beaucoup de combats légitimes ont été gagnés (je sais, tout le monde n’est pas d’accord sur ce point), il faut en trouver de nouveaux, pour assouvir son ressentiment ou son besoin de défendre une « cause ». Les victimes : tous, assurément ! Se lever pour laisser sa place à une jeune femme non enceinte : une insulte ! Pour moi, ce serait juste une marque de respect, de bienveillance et d’«amour » pour la Femme, mais bien sûr, je ne le fais jamais !

Nos parents (plutôt nos grands-parents !) se rencontraient peut-être au bal, mais un bal, ce n’est pas 5 minutes de métro et c’est précisément un lieu et un moment dédiés à la rencontre des sexes opposés ; dans une époque où la mobilité, le choix et les occasions de rencontres étaient plus réduits et les conventions sociales différentes, les rôles plus nettement établis, la rencontre et l’initiative de l’homme étaient certainement bien plus faciles, sous la condition évidemment du respect, et de la maîtrise de ses pulsions. De là à dire que la société d’aujourd’hui « nous englue dans nos solitudes », je pense que la société, c’est nous et que le vrai problème, hormis la timidité qui a toujours existé, ce sont d’une part nos réticences au compromis et aux sacrifices, notre éducation de plus en plus répandue en « enfants gâtés », d’autre part un vrai malaise entre hommes et femmes. C’est aussi la relative médiocrité des hommes, réelle ou ressentie comme telle par des femmes désormais très instruites et indépendantes, qui ne trouvent plus à rêver chez leur partenaires, et surtout qui n’acceptent plus, avec raison, les frustrations qu’elles devaient subir autrefois, sciemment ou non… En grossissant le trait, les héros d’alors étaient des guerriers, des matadors, et surtout des hommes durs à la tâche et donc capables d’assumer une famille, ces valeurs se sont effacées au profit d’autres où les dames brillent bien autant sinon plus ! Le muscle n’a plus vraiment la cote, sauf dans les stades et éventuellement au lit (les valises ont des roues, mais il reste le cerveau reptilien), l’argent non plus (Dieu merci, sauf chez une minorité), le pouvoir sans doute encore un peu (c’est probablement pour cela que certains hommes semblent s’y accrocher). Les pères sont en voie de disparition, de leur propre fait ou poussés vers la sortie (au sens propre ou figuré) et apparemment de moins en moins « utiles », ravalés d’ailleurs parfois au rang de géniteur, comme de vulgaires taureaux de concours ; le courage au masculin se fait rare ou n’a plus l’occasion de se manifester quand il s’agit de courage physique et quant à la « brillance » intellectuelle (désolé, je ne trouve pas le mot approprié), les femmes prouvent tous les jours qu’elles n’ont rien à envier aux hommes. Du coup, évidemment, le Prince charmant tarde à se présenter, et quand il ose, il est paralysé par la peur d’être recalé au premier examen.

Bien sûr, vu comme cela, on pourrait admettre que c’est la société, par son évolution, qui nous englue dans nos solitudes… Moi je persiste à penser que nous avons individuellement la solution en mains.

Heureusement, il reste le domaine où les femmes d’aujourd’hui nous espèrent je crois le plus, peut-être davantage, mais ce n’est pas sûr, que leurs aînées, celui des sentiments, de l’amour, de la sensibilité, de la tendresse, de la gentillesse, de l’intérêt qu’on leur prouve… Pas certain cependant que cela suffise à leur faire surmonter les déceptions, passés les premiers élans du cœur et une fois déconstruite l’image fantasmatique élaborée lors de la rencontre ; et de déception en déception, on se refroidit, on devient méfiante, on préfère se refermer sur sa solitude et sa vie intérieure. Pas sûr non plus que l’homme sache toujours démêler d’emblée (en toute sincérité, j’insiste), ce qui est du domaine des sentiments et ce qui est de l’ordre de l’attirance physique : témoins les nombreuses annonces de ce site axées principalement sur les tenues vestimentaires, la beauté, etc. Les « coups de cœur » n’en sont pas tous et alors ils ne survivront guère au temps, sauf si la chance a vraiment mis sur votre chemin celle que vous attendiez (cela semble d’ailleurs valoir aussi de plus en plus pour les femmes) : autre source de déception et de rancœur et bonne raison, pour les hommes comme pour les femmes qui ne se satisfont pas de belles histoires fortes en émotion mais sans cesse renouvelées, d’être prudents avant de proposer ou d’accepter « un café » entre inconnus.

Pour une timide, je crois vraiment qu’il existe plein d’autres occasions bien plus favorables que le bus ou le métro de voir la glace se briser, celles où l’on a le temps de s’approcher et de se connaître, de s’apprivoiser : là, un homme pourra s’autoriser à attaquer vos défenses, Mesdames, quand il aura compris vos réelles attentes… Et surtout, vous et lui aurez pu voir derrière ce regard, ce sourire, cette apparence qui vous attirent ce qu’il y a vraiment et qui pourrait faire naître un amour profond et non un feu de paille ! Si cela ne « marche » jamais, c’est probablement très douloureux, mais il faut garder espoir et ne surtout pas se priver de rêver en attendant, « dans le métro ». Cependant, ces émois sont à mon avis plus le symptôme d’un manque affectif que l’espoir d’une belle relation, le signe de LA RENCONTRE avec CELUI ou CELLE qui vous correspond. Je parle en connaissance de cause.

Pleins de jolis rêves et de belles rencontres à tous et toutes, et mes salutations à la corporation des cafetiers !

    Détails

  • RERcà Invalides.
  • Une rencontre faite le 12 juillet 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le dimanche 12 juillet.