Jolie brune apprenant le polonais pour un metalleux en partance pour Behemoth

Si mes souvenirs sont exacts, tu étais déjà à bord de la rame lorsque j’y suis monté à Montparnasse. Tu étais assise sur un strapontin et j’ai fini par me retrouver debout en face de toi, une petite brune incendiaire aux cheveux de jais vêtue d’une jolie robe fort échancrée ;-). J’ai alors pu voir ce que tu lisais : une méthode pour apprendre le polonais. Intérieurement, cela m’a amusé, puisque je me rendais justement au Trabendo pour le concert de Behemoth… un groupe de black metal polonais ! Mais tu avais des écouteurs sur la tête et semblais tellement absorbée par ta lecture que je n’ai pas voulu te déranger. D’autant qu’il aurait sans doute fallu que j’attire ton attention autrement, en tapotant sur ton bras, par exemple, et que tu aurais pu mal le prendre, ne serait-ce qu’à cause de ma dégaine peu avenante de black metalleux (rangers, tee-shirt, bombers et pantalon de treillis noirs, pentagramme inversé autour du cou). Puis nous sommes tous deux descendus à Gare de l’Est vers 20h30 et je t’ai suivie, toujours aussi amusé, en me demandant si tu allais bifurquer comme moi sur la 5 en direction de Bobigny, ce qui t’aurait amenée au Trabendo. Mais ce ne sera finalement pas le cas, tu as continué tout droit. Fin du premier acte.

Sachant que je ne crois ni au destin, ni à la synchronicité, je me doute que tu ne liras jamais ce petit mot, qui, du coup, prend de faux airs de bouteille à la mer. En revanche, je suis très attaché à la symbolique des choses. Or, d’un point de vue strictement symbolique, je continue à trouver statistiquement improbable — et donc significatif — que je puisse flasher sur une fille apprenant le polonais, en face de moi, dans ma rame, alors que je vais précisément voir un groupe polonais sur scène. Je fais certes beaucoup de concerts, mais les groupes de metal polonais se font plutôt rares à Paris. A tout casser, il doit y en avoir deux par an. En outre, j’étais au Hellfest du 18 au 20 juin, j’ai assisté à la prestation de Behemoth et j’ai bien failli zapper le concert de jeudi à Paris pour cause de surcharge de travail (d’où mon arrivée tardive sur les lieux, calculée par rapport à l’heure d’entrée sur scène de Behemoth). Tout cela a fait que j’ai décidé de mettre mon rationalisme en veilleuse et de lancer quand même ma bouteille à la mer après quelques invocations au démon Choronzon, avec le très hypothétique espoir qu’elle parviendra à bon port. Fin du deuxième acte. Alea jacta est.