A toutes les femmes de toutes les lignes-2

Je suis parisien, 35 ans et effectivement observateur. J’observe et contemple donc une ville et une société parisienne qui ont changé avec le temps. Les médias, internet et la publicité ont créé une société de consommation qui fournit les moyens d’être heureux et de satisfaire nos besoins en façade. C’est bien de consommer. Je le fais. Mais jusqu’où?

Mon adolescence à Paris avant l’arrivée du net n’avait pas la même essence. Le net est très utile je l’admets! Je ne suis pas pessimiste mais je constate quelque chose de global. Vous êtes différente et j’en suis heureux. Mais alors que faire? Que faire pour que les rapports humains s’améliorent? Je pense que trop de choses nous sont offertes tel un maquillage, une façade qui créent une distance entre les gens.

Je comptends que l’on aime être coquet et coquette mais cela reste très centré sur soi alors que nous ne sommes pas grand chose. Quasi inivisibles comme vous l’expliquez. Je suis donc dubitatif sans être pessimiste sur le futur de l’amour, du couple, de la famille dans de telles conditions.

Pour être allé au Japon, je peux dire qu’il ressort de ce pays que j’aime une froideur humaine et mélancolique. Une solitude gonflée de spleen s’y installée surtout dans les grandes villes. Et depuis des années, je ressens les mêmes choses à Paris. Ma ville change.

Pour vous répondre, je pense que les parisiens, les hommes, ne savent pas ou plus aborder ou séduire. Nous savons mener notre vie, nous apprêter, faire semblant d’être occupé mais le vide est de plus en plus là humainement. Les hommes ont peut-être aussi un peu peur de femmes devenues fortes et dures. Parfois j’ai l’impression que nos relations ressemblent à un jeu d’escrime: jeu de regards, jeu de sms, distance, rapprochement. Mais pourquoi? Tous les hommes ne sont pas comme ça. Les dragueurs invétérés le savent et vous abordent mais sont-ce ceux que vous aimez? Est-ce avec eux qu’un futur peut s’écrire? Et il y a les autres.. ceux qui comme vous le dites ont la tête baissée sur leur écran.

Je jette un pavé dans la mare mais je pense que dans cette situation la clé est entre les mains des femmes surtout à Paris. Les hommes se sont ramollis et les femmes se sont endurcies. Mais ce qui ne change pas c’est que votre beauté reste là. Beauté peut-être encore plus inaccessible pour les hommes dans ce contexte.. et surtout si on se croise quelques minutes dans le métro.

La vraie vie a clairement plus de valeur que les rencontres virtuelles. C’est vrai. C’est ce qui me rassure. Savoir qu’on regarde encore le ciel et qu’on écoute encore les oiseaux siffloter. Mais comment revenir à vie plus réelle? Quelles solutions? Je ne parle pas de moi car j’ai mon histoire, mon passé. Que faire pour que les milliers de gens seuls se rapprochent un peu? Faut-il monter une association pour unir tous les gens se reconnaissant dans cela? Faut-il créer une chaine humaine, organiser un colloque, mettre en place des signes, des codes entre nous? Cela meriterait d’être médiatisé comme tout ce qui touche au social et à l’humain. L’amour devrait être affiché sur tous les murs du métro.

Merci pour votre message qui est une marque d’attention dans ma journée. Ceci n’est que mon point de vue. Le point de vue d’un homme. Le point de vue d’un des nombreux parisiens que vous croisez tous les jours dans notre cher métropolitain :)

    Détails

  • Métro7à Place d'Italie.
  • Une rencontre faite le 3 décembre 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le jeudi 3 décembre.