Où sont les hommes..

En ce jour où John Lennon aurait eu 75 ans, j’ai envie de parler aux hommes. Mes congénères. Ceux avec qui j’ai grandi. Les parisiens.

En voyant ce matin un énième homme en costume, gominé, chaussures cirées, écouteurs à l’oreille, long manteau noir descendant au mollet, le portable au bout des doigts, pas souriant sauf lorsqu’il se regardait tout seul dans la vitre du métro de la ligne 4, j’ai eu envie d’écrire un peu.

Presque comme un tic ou un toc, il ne pouvait s’empêcher de se regarder. Sa tête revenait systématiquement face à la vitre de façon à ce qu’il puisse s’admirer de la tête aux pieds, se souriant à lui-même jusqu’à presque se faire des autos clins d’oeil.

Je me dis ce matin.. mais qu’est-ce qu’aurait pensé John Lennon de tout cela? De tout ce vide, de toute cette vacuité? J’essaie d’imaginer les hommes dans les années 70 ou 80 avant les mass medias. Étaient-ils comme cela?

A Paris, il y a les parisiens costards bobos mannequins, les parisiens new balance, les parisiens eastpack et les parisiens qu’on ne voit pas.. ou malheureusement pas assez..

Je pense que les hommes des deux dernières catégories sont ceux qui se regardent le moins et qui ont une âme encore un peu ouverte sur autre chose que leur propre personne. Certes le matin, je suis en costume avec bien souvent mon sac eastpack.. je suis un hybride.. mais sans être le working man typique. Mon sac eastpack me lie à mes racines, mon adolescence parisienne. Mon costume? Je le porte sur moi mais dans ma tête c’est comme s’il était inexistant. C’est une tenue de travail, un uniforme en quelque sorte.

Et pour ce qui est des deux premières categories.. les hommes bien apprêtés, bien standardisés.. je dis.. où sont les hommes?? Il y a 30 ans on se serait marré en voyant un hipster sérieux! Quand j’en vois un, j’ai un peu de peine pour lui pour tout dire même s’il doit être gentil j’imagine. C’est vraiment n’importe quoi. Les hommes sont aussi coquets que les femmes. La barbe taillée à la perfection, les cheveux parfaitement coiffés comme des starlettes, la crème de beauté bien apaisante sur le visage. Voilà comment deviennent les parisiens. Ils s’aiment beaucoup. Je me permets de le dire. Je suis un parisien.

Pourtant nous étions sur les mêmes bancs d’école avec les mêmes joggings moches et multicolores. Nous étions simples. Nous étions des hommes en devenir. Nous regardions la vie, nos amis. Et maintenant? Que regardons nous? Nous mêmes. Notre nombril. On ne fait que se regarder, hommes comme femmes.. les hommes ont aussi leur maquillage du fait de la couche superficielle qui s’est posée sur eux.

Il faut s’arrêter. Le monde ne tourne pas autour de nous. Nous ne sommes pas grand chose. Nous sommes des hommes. Les provinciaux doivent bien rigoler en arrivant à Paris. Il faut nous remettre en question et nous regarder d’un autre angle, avec de la hauteur. Mesdames si vous voulez un homme, il n’y a pas que les parisiens..

Tout cela cache une grande solitude que nous masquons avec tout un apparat. Allez les mecs. Faut s’arrêter. On est pas là pour ça. Pour consommer des fringues et des femmes. Qu’est-ce qu’on retiendra ensuite de notre vie? Le nombre de filles qu’on a connues? On regardera nos propres photos avec les tenues retraçant les styles passés? C’est ça être un homme?

Alors je parle aux autres. Ceux qui ne se regardent pas dans la glace. Ceux qui sont vrais. Ceux qui ne sont pas “M’as-tu vu?”. Vous les gars, les copains de cour de récréation, de fac.. les mecs, les vrais. Ceux qui ne font pas leur coquette. Vous les gars je vous adore. En vous je me reconnais. En vous je me dis qu’il y a un espoir. Un espoir pour l’humanité. Un espoir pour générer de l’amour et des valeurs droites. Nous ne sommes pas des héros. Nous sommes des hommes. Des hommes qui nous battons, qui vivons, qui avançons. Puissent ces hommes être heureux.

John Lennon en serait fier. Lorsqu’il chanta “working classe hero”, je pense qu’il voyait et écrivait pour les hommes entiers, les hommes du quotidien, avec un idéal, des valeurs et du courage.

Debout dans le wagon, dos contre la porte fermée faisant face à l’autre porte d’entrée, regardant quelqu’un n’ayant de cesse de ne regarder que lui-même, ce matin, je me sens pleinement.. homme. g

    Détails

  • Métro7à Place d'Italie.
  • Une rencontre faite le 8 décembre 2015.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mardi 8 décembre.