Douce Vénus, à la peau diaphane…

Toi jeune Vénus aux cheveux de feu, peau opalescente, et yeux foncés.

Il y a quelques jours, en montant dans le train au départ d’Austerlitz, avec la quantité limitée de places adaptées aux atypiques, tu m’as proposé de m’asseoir à côté de toi, par bienveillance, par gentillesse, par courtoisie, par simple attention.

J’ai bafouillé un “merci” rapide, et me suis assis là, moi le gaillard aux yeux bleus et cheveux courts, souvent avec mon sac à dos de baroudeur.

Le train du vendredi est le plus souvent pour moi un sas de décompression, après la semaine folle à Paris. J’ai lu la presse, parcouru les annonces, répondu aux messages restés en attente, sans savoir t’adresser la parole, te remercier, engager une conversation sereine, discuter de tout et de rien, créer du lien, ou simplement passer un voyage agréable qui se répète chaque jour. Alors même que je t’aperçois souvent, et suis plutôt du genre bavard, je n’ose pas te parler. Tu m’intimides.

Je te vois plusieurs fois par semaine dans le dernier wagon qui quitte Paris vers 18h30, ou au départ du village le matin vers 7h30. J’ai remarqué que tu es souvent à l’étage bas du wagon. A l’arrivée, dans cette campagne du sud francilien, chacun des soirs où je te vois est pour moi une nouvelle tempête : grand timide devant la Vénus de Botticelli, je suis feuille de fleur de rose portée par le vent dans l’oeuvre du Maitre.

L’esprit timide, mon coeur d’artichaut s’effeuille chaque matin un peu plus. Vénus tu es.

Il y a un an j’avais croisé ton regard. C’était un été, dans un train venant de Paris. L’été était aussi lumineux que ton regard profond. Tes yeux radieux et bruns étaient éclairés avec délice par la lumière de fin de journée. Ton regard est resté soutenu, franc, massif et direct. Un échange visuel s’est déroulé entre nous pendant quelques secondes, des secondes qui ont duré des heures. Je me souviens de chaque instant, de chaque détail, de ta vue qui ne cillait pas.

Incarnation de la séduction, de la beauté, et de l’amour, lorsque tu quittes le quai le soir : Vénus tu restes un espoir.

    Détails

  • RERcà Gare d'Austerlitz.
  • Une rencontre faite le 6 mai 2016.
  • Rédigé par un homme pour une vénus.
  • Publié le mardi 17 mai.