Innocents regards (groupe d’amies en route vers Disney ?)

Il est arrivé le joli mois de juin, où touristes et amis, de l’Est prennent le chemin, pour aller taquiner Mickey à Marne la Vallée.

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J’imagine que c’était votre cas aussi, printanière apparition aux cheveux clairs et longs, aux yeux rieurs et lumineux, qui avec trois ou quatre compagnes conversiez avec animation à l’étage inférieur du wagon, lorsque j’y montais à Nation.

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Comment ne pas vous remarquer, avec ce regard si pétillant qu’il ferait rougir de honte un champagne blanc de blancs ?

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Brun, cheveux courts, en costume sombre mais chemise colorée, je me tenais debout avec mes affaires et mon livre bleu au milieu de la rame. Nos regards se sont croisés 3 fois. Vos petits yeux brillaient comme des points d’interrogation (et là il se trouvera bien un rabat-joie pour me faire remarquer que les points d’interrogation, ça ne brille pas …).

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Après Val de Fontenay je me suis écarté du milieu et vous ai perdu de vue. Vous vous êtes assise tandis que vos amies restaient debout. Avec ça, aucune chance qu’on se revoie. Et ben si ! Car peu de temps avant d’arriver à ma destination, n’écoutant que mon coeur d’acrobate, j’ai effectué un large tour autour des barres métalliques au milieu du wagon, histoire de jeter un ultime coup d’oeil dans votre direction et de vérifier que je n’avais pas rêvé.

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Et miracle, pendant ce fugace numéro de pole dance improvisé nos regards se sont une dernière fois croisés (c’est là que j’ai vu que vous vous étiez assise). Et vous aviez toujours sur votre visage cet air rieur et étonné tellement charmant.

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Vous êtes jeune sans doute. D’où ce regard innocent qui fera, j’en suis certain, encore bien des victimes ! Je vous souhaite de le garder longtemps - pas par cruauté envers les coeurs qu’il va troubler - mais parce qu’il dénote une forme d’aimable spontanéité que les aléas de la vie s’acharnent à nous faire perdre. A force de déconvenues et de déception, dont on n’est pourtant par nos choix largement responsables, on finit par s’aigrir et voir l’humanité dans diverses teintes de gris et de noir. Hommes et femmes deviennent des ennemis, des “salauds”, et j’en passe … Les regards qu’on leur lance ne sont plus que ceux de la peur, de la fatigue et de la méfiance. Et dans ce grand transit d’hostilité, on finit peu à peu par ressembler à ce dont on espèrait se garder. Quel dommage ! Mais il en va ainsi : , quand on choisit de se plonger dans le caca, on finit par y ressembler.

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Voilà pourquoi c’est avec plaisir que je vous ai regardé, moi le voyageur solitaire.

Parce que j’ai lu dans votre regard toute la joie et l’innocence que ce monde perd chaque jour par la maladie du cynisme. Et cela m’a fait rêver d’un âge où chacun de nous, du plus vieux au plus usé, serait parvenu à conserver un coeur pur et débordant de spontanéité. Gardez toujours ce regard innocent, jeune beauté. Ne laissez aucun homme jamais vous l’enlever.

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Et merci de ne pas avoir fui mon regard. Par pur étonnement, c’est un instant de grace silencieuse que vous m’avez accordé. Merci à vous.

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Je doute que vous me lirez. Encore moins jusqu’au bout. Mais si c’est le cas, et que vous voulez en parler, quelques précisions concernant ces événements.

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Une de vos amies était brune, coupe garçonne (cheveux courts) plutôt grande, et portait une veste en toile kaki, style un peu “militaire”. Elle est restée debout. Le train était direction Marne la Vallée. Mardi 7 juin, vers 9h à Nation, 9h15 à Noisy. Et un des sacs que je portais, quoique noir et plutôt discret, était inhabituel. J’en dis pas plus sur mon compte parce que j’ai pas envie que tous les commutters me regardent de travers. Et je suis surement “trop vieux” pour vous aussi. Pas trop vieux néanmoins pour me noyer dans ce regard si particulier qui est le votre … Donc n’hésitez pas. Comme ça vous pourrez me révéler le secret de vos yeux pétillants. J’en aurais bien besoin car les miens sont complètement éteints !

    Détails

  • RERaà Nation.
  • Une rencontre faite le 7 juin 2016.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mardi 7 juin.