La femme aux ongles bleus

Contemplée dans le métro entre Champs Elysées Clémenceau et Louvre Rivoli, jeudi soir, vers 20h00

Vos ongles bleu nuit, presque violets étaient simplement stupéfiants. Une œuvre d’art à part entière. Ils vous conféraient une aura magnétique, pour ne pas dire divine. Étrange épiphanie … Vous m’avez fait penser à Ishtar, la déesse de l’amour et de la guerre des anciens mésopotamiens. A ce titre il m’est presque apparu naturel que vous descendiez à Louvre Rivoli. La déesse retourne à son musée.

Moi qui avait toujours considéré la manucure comme un jeu puéril, je me vois aujourd’hui obligé d’admettre mon erreur. Elle peut vraiment transcender et hisser les êtres à un autre niveau.

J’avais juste envie de partager ce choc dont, sur l’instant, je n’ai rien laissé paraitre.

De fait, vous arboriez une élégante robe de soirée beige, découvrant largement vos graciles épaules. Vos pommettes étaient délicatement fardées de rose et vous sembliez inquiète. Alors que vous auriez pu facilement vous trouver une place tranquille dans la rame, vous êtes restée debout près de la porte de sortie, à tourner et retourner, comme si vous aviez l’esprit préoccupé par quelque grave affaire. Vu l’art avec lequel vous vous étiez parée, je dirais que vous vous rendiez auprès de quelque galant, auprès duquel tous les hommes vous paraitraient de toute façon indifférents.

J’imagine sans peine sa surprise et son enthousiasme en vous découvrant.

Toujours est-il que je n’ai du coup pas longtemps soutenu votre regard lorsque vous vous êtes retournée dans ma direction. J’ai joué les innocents.

Si toutefois je m’étais trouvé plus près, je vous aurait volontiers dit ce qu’ici je vous écrit : vous avez du style ! Et par ce style, vous effacez toute concurrence, sans remède.

Passez une bonne soirée, divine apparition. Et continuez à porter ces extraordinaires ongles bleus qui vous vont si bien.

Vous m’avez fait penser à quelqu’un que j’ai failli connaitre.