Buvant seul sous la demi Lune, après le yoga

Ce soir, seul sous la Lune claire, le coeur déçu de n’avoir pu, en dépit d’une longue attente, ouvrir mon coeur à celle qui le faisait frémir et que j’espérais, je me suis remémoré ces vers de Li Bai que vous aurez, peut être, déjà rencontrés :

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“Parmi les fleurs, une cruche de vin,

Je bois seul, sans ami cher,

Levant ma coupe, je convie la Lune claire,

Avec mon ombre, nous voilà trois !

Hélas la Lune ne sait pas boire,

Et mon ombre ne fait que suivre.

Ombre et lune, compagnes d’un instant,

Distrayons nous jusqu’à la fin du printemps.

Je chante. La Lune m’encourage.

Je danse. L’ombre trébuche.

Sobres, nous nous fûmes unis.

Ivres nous nous séparons.

Que dure pour toujours cette amitié.

Nous nous retrouverons sur la Voie Lactée”.

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Boire seul sous la Lune … Que reste t-il d’autre à faire quand tout le reste a échoué ?

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J’avais flashé sur une demoiselle, aussi charmante que douée. Elle était belle. Ainsi mes yeux voulaient-ils l’estimer.

Mais lorsque je la croise, elle est toujours avec sa mère. Alors comment lui avouer ? Les semaines passent. J’attends une occasion de me déclarer en privé. Mais elle ne vient jamais tant et si bien que je ne sais plus que faire.

Tout à l’heure, sortant du cours de yoga où nous nos chemins nous mènent semaine après semaine, je me retrouvais juste derrière la belle à l’entrée du métro République. Quoique sa mère fut présente, j’en avais tellement gros sur le coeur de lassitude, que j’étais prêt à tout lui dire, devant sa maman, si seulement elle avait daigné se retourner un instant.

Mais elle ne remarqua même pas ma présence. C’est comme si j’avais été invisible, en fait. Quelle disgrace …

Assommé par tant d’indifférence, nos voies se séparerent finalement à l’orée du métro, elle et sa mère partant vers les lignes 5, 8 ou 11 tandis que je dérivais avec la vigueur molle d’une épave éventrée vers la ligne 9.

C’est ainsi que je me suis retrouvé moi aussi “seul sous la Lune”, qui m’attendait, sereine, sous le ciel de Nation.

Combien sommes nous dans cette situation ? Combien, à nous éprendre de bon coeur de la “mauvaise” personne (si tant est qu’il y en ait quelque part une “bonne” ce dont je doute de plus en plus) ? Combien encore à ne pouvoir jamais exprimer ce que nous ressentons ? Combien, en somme, à être poursuivis par une poisse constante quoique nous fassions pour l’éluder ?

Pour ne pas y voir une injustice, il est tentant de se consoler en admirant la Lune dans un état second. De boire et rêver en attendant la fin d’un “printemps” qui n’a, pour finir, jamais commencé.

J’espère juste, pour ma part, que je terminerai mieux que Li Bai. On dit en effet de lui qu’il se noya, complètement bourré, en tentant de capturer le reflet de la Lune sur les eaux du fleuve. En même temps, mon trépas ne laisserait nulle veuve. Alors après, tout quelle importance ?

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@ à Mlle H.C, qui ne me lira de toute façon pas davantage qu’elle ne me parle : j’ai envie de vous aimer et je n’y peux rien, désolé. Je vous préfère à toutes les lunes de la Terre, de Saturne ou même de Jupiter, même avec un coup dans le nez. Vous êtiez d’ailleurs ce soir particulièrement en beauté. Si je ne peux vous dire ceci seul à seul … bah je le dirais à votre maman. C’est nul, certes. Et pour moi au moins carrément gênant. Mais c’est ça où me faire un ulcère. Alors j’ai plus le choix je crois … :-(

    Détails

  • Métro3à République.
  • Une rencontre faite le 12 octobre 2016.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le mercredi 12 octobre.