Portrait #7

Samedi soir ou dimanche matin comme vous voulez. Il est une heure et demi du matin, mon rouge à lèvres s’est estompé et j’adopte la position “nuit” du voyageur de métro. C’est à dire les jambes bien tendues, chevilles croisées, bonnet toujours sur la tête (la capuche peut être une alternative si on en a une) et le menton bien rentré dans l’écharpe. C’est l’heure où on aimerait vraiment que la recherche avance du côté de la téléportation…

J’étais trop fatiguée pour bien vous retenir mais il me semble que vous aviez un pantalon couleur brique, des chaussures à lacets et vous avez pris le temps d’enlever votre manteau pour lire confortablement dans le même carré que moi. Vous lisiez…un poche…un auteur classique… Marguerite Duras ? Pas sûre. Vous avez partagé deux moues de la bouche avec moi. La première quand vous avez perdu la place d’étendre vos jambes, la seconde quand un sdf est passé faire la manche. Vous aviez le sourire facile et moi aussi donc nous avons discuté le temps de trois stations, avant que vous ne descendiez à Faidherbe Chaligny. Quartier qui avait l’air de vous tenir à cœur. Vous étiez bien frais pour l’heure, encore capable de m’inviter prendre un verre que j’ai décliné en forme de rire.

Ah oui car j’oubliais, vous aviez un tampon “Kiss” en plein milieu du front.