Portrait #12

Je n’ai pas posté de portrait depuis deux mois. Je dois avouer que je commençais tout simplement à m’ennuyer dans le métro… Et que faute de gourmandises RATPiennes et dotée d’un nouveau sac à dos, j’ai opté pour des distractions imprimées pour accompagner mes voyages.

Et puis voilà que, littéralement, vous me tombez dessus hier soir. Enfin vous avez évité le choc pour vous assoir délicatement en face de moi. Col blanc et col V impeccables, vous remettez vos lunettes dans un geste qui rappelle un certain Saint Laurent. Une vraie élégance. Je somnole. Enfin j’essaie. J’essaie d’empêcher ma tête enregistreuse de faire des listes. Dans la votre, de la musique forme sûrement une toute autre scène que celle que j’essaie de décrire ici.

C’est alors que vous vous mettez à farfouiller dans votre sacoche pour en sortir un carnet à petits carreaux noircis de vos mots. Comme si ça pouvait me toucher, vous vous contentez de tirer un trait. Juste un trait entre ce qui avait été écrit et ce qui le sera bientôt.

Non vraiment vous ne pouviez pas mieux faire. C’était tellement gratuit et en même temps nécessaire, j’ai adoré. Je l’ai pris pour moi ce trait. Je m’en suis saisi immédiatement pour oublier tout ce à quoi j’étais en train de penser et me réouvrir à l’extérieur. J’ai trouvé beaucoup de bienveillance dans vos regards et pour clôturer cette parenthèse nous sommes descendus presque chorégraphiquement dans les directions opposées.

Vous me reconnaitrez, j’étais fatiguée, les cheveux sales, l’envie de rentrer chez moi et un sourire en coin.