Tome 5

Cette soirée pluvieuse et morose est idéale pour s’essayer à la prose. J’ai cette envie irrépréhensible, instinctive et vitale d’écrire des lignes qui seront parcourues et lues par des êtres inconnus. Oh, attendez…! Je sens que cela va divaguer grave ici.

Vos histoires doivent être synonyme de rêve et non symboliser le désespoir. Bah ouai! Ça doit vous faire une belle jambe, mais je trouve tous ces textes tristes. On sent que vous n’y croyez pas ou plus… Soyons fou, soyons original, embellissons ces moments uniques! Je reviens ici pour lire les attentes des personnes mais j’ai parfois envie de sauter par la fenêtre. Ça ne servirai pas à grand chose au rez-de-chaussée, en effet.

Allez, je me lance! Il m’est arrivé quelque chose d’étonnant voire surprenant.

Cette ligne m’attire et me révulse. Elle m’attire par sa diversité et le hasard de ses situations. Elle me révulse car elle symbolise l’échec. Mec, tu es complètement taré (mais on le savait déjà). Malade que je suis, je dois parfois remonter cette ligne en direction du nid à touristes, dans les Champs. On connait les grincements habituels, les freinages violents, les virages fréquents ou les odeurs pestilentielles. Malgré tout, le voyage n’est pas déplaisant. Bien au contraire.

Au hasard d’une station dont j’ai oublié le nom, j’aperçois cette fille qui entre dans le wagon. Look classique: brune, queue de cheval, juppe, collants noir et ballerines. Le tout avec une pointe de rouge à lèvres. Comme quoi, il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes pour que ça marche. J’ai trouvé cette personne très jolie. Vous savez il y a le petit truc indescriptible qui fait la différence. Ahhhh, je suis heureux de voir que vous n’ignorez pas ce que je veux dire.

Oh mince, j’oublie le jour: c’était mercredi vers 13h10. Malheureusement, elle n’arrive pas à enlever son regard de son maudit téléphone. Le mot téléphone est d’ailleurs particulièrement inadapté. Avec ces machins là, on fait tout… sauf téléphoner. Bon OK, elle est charmante, c’est vrai. J’ai levé la tête, MAIS il m’en faut plus pour me faire décoller de mon Victor Hugo. Je continue ma lecture sereine pleine d’émotions, en jetant un ou deux regards, par-ci, par là. En plus, avec les remous de la rame, ça pimente la lecture. Imaginez diriger un orchestre dans le Space Moutain.

BIPPPPP, c’est le terminus. Les moutons que nous sommes sont sommés de quitter la rame. C’est la foire d’empoigne, je perds de vue cette fille… pour ensuite la retrouver et la bousculer involontairement dans les escaliers, en direction de Nation via la 2. Ouf, rien de cassé. Putain, je suis vraiment un gros nul. Elle marche vite, me distance et fini par s’évanouir au détour d’un virage. Mais nous nous retrouvons une nouvelle fois sur le quai. C’est dingue ça. Nous effectuerons une partie du trajet ensemble. Je continue mon périple et arrive à destination. J’ignore si elle se doute que je la trouve spéciale.

Je vous épargne cette partie assez inintéressante et inepte. Lancement de l’interlude musical. Imaginez une musique d’ascenseur.

OK, reprenons. 2h après le barbier, je fais le même trajet en sens inverse. Normal, vous me direz. À la sortie de la 2, je rattrape la 6, je marche, je cours et je me faufille entre les personnes du troisième âge. J’atteinds le quai et devinez que je vois?… Je vous le donne en mille. J’ai un défaut: je n’oublie pas les visages. Je la reconnais. Quant à elle, je ne sais pas vraiment si c’est réciproque. Elle doit se dire que je l’ai suivi. Pas le moins du monde! C’est vrai, c’est vrai, je fais en sorte de monter dans la même rame qu’elle, avec mon air nonchalant. Je suis assez doué pour faire genre…

Nous effectuerons le voyage “ensemble”. Je me concentre sur le bouquin, elle pianotte son “phone”. Nous roulons et à la Motte-Picquet, elle a presque loupé son arrêt. Elle m’est rentrée dedans (c’est de bonne guerre) et est sortie comme une tornade.

J’ai trouvé cette situation plutôt inédite et étonnante. J’aurai voulu le faire, je n’y serais pas parvenu. Ohhh, au fait si tu lis ces lignes et que tu penses que je parle de toi, tu sais où me retrouver…

    Détails

  • Métro6à Denfert-Rochereau.
  • Une rencontre faite le 13 mai 2017.
  • Rédigé par un homme pour une nana.
  • Publié le samedi 13 mai.