Portrait #13

Il fait chaud à Paris. Nos cerveaux comme le bitume au soleil se ramollissent à vue d’œil et il m’aura bien fallu une douzaine de stations pour arriver au bout de mon intense réflexion du jour: le temps de transport semble-t-il passer plus vite lorsqu’on est assis ou debout ? Alors je vous épargne les argumentaires philosophiques de chaque camps. Mon crâne en a finalement déduit que la condition physique du voyageur importait moins que les conditions climatiques du voyage; c’est à dire la température, la pression atmosphérique – dû à un orage qui n’arrivera jamais – et l’humidité dans l’air.

Mais revenons en au portrait, puisque c’est le titre de ce post.

Vous êtes un homme sans aucun doute. Un homme au pelage soyeux. Vous avez à peu près la même densité de cheveux que de barbe – ce qui n’est pas terrible à mon goût mais comme les deux avaient l’air très doux j’accepte –, je dirai bientôt 40 ans. Je me permets un peu de dérision car vos baskets pas blanches dutout et votre vrai-fausse sacoche de vrai-faux professionnel laissaient transparaitre quelqu’un de évidemment drôle. Non vraiment, je ne sais pas quel est votre métier mais j’espère que vous avez suffisamment de temps libre pour laisser tomber sac et téléphone et utiliser vos deux mains pour raconter des histoires extravagantes. Vous n’aviez même pas de musique et vous battiez du pied. Je parie que vous écoutiez cette dame qui commandait son menu B2 pour avoir ses sushis directement en sortant du métro. Impressionnantes ces parisiennes. En voilà un temps de transport rudement rentabilisé me suis-je dit ! Bon, pour vous il doit bien rester quelque chose dans le frigo de comestible. A moins que quelqu’un vous attende. Je suis descendue sans réponse mais vaguement inspirée. En voilà un voyage rudement rentabilisé me suis-je dis !