Tee shirt noir “Stay Wild” dans la foule

Il était 18h15. Un “incident voyageur” avait semé le chaos sur toute la ligne A.

Le quai était bondé, mais vous, vous vous teniez là, parfaitement détendue, debout au coin de la porte, un casque fiché sur les oreilles. Tellement cool dans cette cohue, perdue dans votre monde.

Vous portiez un tee shirt noir sur lequel figurait un homme au dos marqué de la phrase “Stay Wild”.

Je n’ai pas réagi assez vite. J’aurais aimé vous dire à quel point vos yeux étaient beaux, et splendides, de leur vert limpide. Combien votre visage me semblait doux, et hypnotique. Combien vos lèvres, finement dessinées paraissaient magnétiques. Et ces cheveux dans lesquels vous passiez vos doigts, soyeux.

J’aurais aimé vous dire tout ça … Mais comme je le disais, c’était le rush. Et avant que je n’aie pu formuler ce projet dans mon esprit, trois ou quatre types s’etaient interposés entre vous et moi me privant presque entièrement de le vue de vos charmes et de toute possibilité de jamais vous adresser la parole. Pour ça, il aurait fallu que je les piétine, et que je fasse, ce faisant, quelques victimes.

Alors je me suis contenté de vous lancer des oeillades régulières à travers la foule.

Mais vous étiez dans votre musique et je ne sais même pas si vous vous en êtes aperçue.

A un moment, nos regards ce sont croisés par hasard, suscitant en moi une vague de désespoir panique qui m’a fait détourner la tête. Mais vu l’ambiance “boite de sardines” qui regnait dans la rame, vous m’avez sans doute regardé sans me voir. Quand j’ai regardé à nouveau dans votre direction, vous étiez en train de sourire à votre musique, la tête ailleurs …

Alors je poste ici sans grand espoir.

Finalement, s’il n’y avait pas eu cet “incident voyageur” et toute cette foule, je serais timidement venu à votre rencontre.

Mais s’il n’y avait pas eu d’incident, je n’aurais pas pris ce train à cet endroit et je ne vous aurait pas croisé.

Parfois ce qui nous rapproche est aussi ce qui nous sépare. Quelle ironie !

Si par miracle vous trouvez cette annonce et vous vous y reconnaissez, contactez moi. Je vous offrirai un café. Et vous, vous me donnerez votre secret pour rester cool dans la foule su RER par 36° Celsius.

J’étais l’homme en costume sombre, chemise blanche qui tenait l’autre coin de la porte à laquelle vous étiez adossée. Et j’ai très envie de vous recroiser.

Je suis monté à Noisy, descendu à Nation tandis que vous poursuiviez sur Paris.