Short gris + valise noir

Avec ces travaux sur le RER A, nombreux sont les usagers qui patientent sur le quai de Nation. Sortie de boulot, me voilà dans ma bulle, avec pour unique envie celle de rentrer. Te voilà déboulant sur le quai, l’allure sportive, grand, châtain clair, un long short gris en coton… Une trentaine d’années et une grosse valise noire 4 roues (retour de vacances?)

Nos regards se croisent et mon cœur s’emballe… On ne cessera de se chercher du regard… En vain.

Je décide de monter dans le même wagon que toi. En bas. Tu es installé dans le sens de la marche, au niveau des places à 4, près de la fenêtre, ta valise près de toi. (Moi, installée, derrière toi, au niveau des places à 2) J’ai désormais vue sur ta nuque et toi tu me cherches du regard à travers les reflets de la fenêtre, avec même l’envie hésitante de te retourner… mais ni toi ni moi avons le courage de faire le premier pas.

Le RER démarre (il est environ 22h13)… À Vincennes je trouve le temps de me remettre du rouge à lèvres, à fontenay je trouve un bout de papier pour te noter mon numéro au crayon noir et à Nogent sur Marne, je ne trouve pas le courage de te remettre ce même foutu bout de papier. Je descends. C’est mon arrêt. Il est 22h22, je viens de me retourner, je suis en colère après moi. Les portes se ferment, on échange un sourire furtif et timide et tu continues ton voyage.

Je ne saurai peut-être jamais à quel arrêt, ce RER t’a mené, mais je sais qu’il s’est passé ce petit je ne sais quoi qui chamboule et laisse pensive.

J’aimerai rattraper cet instant, même s’il semble insaisissable.

Je voyage désormais avec ce petit papier en poche avec l’espoir de te recroiser ;-)