Le Rouge et le Noir, le Vert et le Bleu

Chère inconnue,

Il était vers 18h lorsque tu montais à bord du train en gare de Fontainebleau. Te serais-tu doutée alors que tu troublerais ainsi, par ta présence agréable, un être si paisible assis en face de toi.

Tu étais en vert et j’étais en bleu. Tu lisais le Rouge et le Noir, et je grattais noir sur blanc. Ton regard perçant se perdait parfois dans le ciel au dehors et lorsqu’il venait à me fusiller vivement, je dus me résoudre à détourner le mien.

J’ignore quelle image j’ai pu laisser en toi, mais pour sûr, à jamais tu me laisseras celle-ci : une jeune femme élégante à la chevelure soignée, qui lisait en silence, son roman de Stendhal.

A défaut d’avoir pu te donner mon mot, j’en laisse quelques uns s’évader librement, dans l’espoir que tes yeux, un jour, s’arrêtent dessus.

Un inconnu, qui t’a perdu de vue en arrivant à la gare de Lyon, et qui regrette déjà ton petit air rêveur.