Dernier métro

Malakoff, minuit passée.

J’ai pris la 13. J’avais l’intention de m’arrêter à Invalides pour prendre la 8.

Dans le métro, la conversation avec mon camarade Arthur était chouette et intéressante à tel point que je suis finalement descendue à St Lazare, pour prendre la 3. Arrivée sur le quai, je me trouve juste en face d’une autre camarde, Stella, qui me dit que si on se retrouve ici c’est qu’on ne devait pas se quitter. Je regarde son métro partir avant de prendre le mien. Direction République pour récupérer la 11. Je décide de descendre à Arts et Métiers pour des raisons qui m’échappent. Je prends la correspondance, me voilà sur la 11.

En entrant, je crois le regard d’un jeune homme qui lit debout. C’était un peu troublant mais je finis par baisser les yeux et m’assois sur un strapontin abaissé lui aussi. Je sors rapidement mon carnet et mon stylo et reçois un coup d’oeil de la part du jeune homme. Je déchire un morceau de papier et commence à écrire un mot doux parmi ceux que j’écris pour les passagers qui m’inspirent, comme à mon habitude. Je remarque qu’il se prépare à descendre.

Je n’ai plus que quelques secondes pour terminer et lui remettre. Les portes s’ouvrent, tout va très vite, j’écris le dernier mot, vie, c’était “vie”. Et puis merde, je sors du wagon pour lui donner. Je le pose maladroitement sur l’épaule de son manteau, il tombe, le jeune homme ne se retourne pas.”Non, attends!”, je m’écrie avant de le déposer sur son livre ouvert tandis qu’il est en train de marcher. Il comprend mon geste d’un regard, et je me rue vers les portes qui m’écrasent en se fermant. Je me retourne, il reste immobile, face à moi, et son regard me dit “Si seulement tu étais restée.”. Je pose une main sur ma poitrine en mimant des lèvres “désolée..” et il imite mon geste en me regardant dans les yeux.

Tout cela s’enfuit avec le train. Les nouveaux passagers sont témoins et certains sont émus. “Vous croyez que je dois prendre ce métro dans l’autre sens?”, je balbutie. L’un d’entre eux enlève ses écouteurs et me répond “Oui !”.

Je m’exécute. Je cours. J’ignore où je vais vraiment. Sur le quai opposé, j’arrive sans cacher mes émotions. Merde. Pourquoi j’ai pris ce métro? Je ris, soupire, regarde dans tous les sens.

Deux filles attendent un peu plus loin. Je reconnais l’une d’entre elles. C’est Pauline, une copine que je n’ai pas vue depuis longtemps. Elle me reconnais aussi, me demande ce qui m’arrive avec sa douceur qui m’est si familière, je lui raconte à demi-mot, on parle avec son amie le temps d’une station…

Je suis descendue à nouveau à République. Il avait disparu et je risquais de rater le dernier métro. Il était un peu plus d’une heure, j’ai réussi à voyager dans ce dernier train qui ne m’a pas échappé.

    Détails

  • Métro11à Arts et Métiers.
  • Une rencontre faite le 21 décembre 2017.
  • Rédigé par une femme pour un homme.
  • Publié le samedi 23 décembre.