Ce qui m’a émue, c’est ton visage et tes boucles claires

Je monte à Réaumur-Sébastopol et tu es en face, appuyé contre la porte. Blond, bouclé, un visage d’une parfaite régularité, un sac de voyage entre tes pieds.

Je te regarde dans les yeux en entrant et je me faufile à ta droite, où d’abord je m’applique à t’ignorer. A ce moment-là mes écouteurs me passent La Grenade et j’en dessine les mots avec mes lèvres. Je perçois quand même que tu souris, tu as l’air heureux.

J’approche de ma station et je sens que tu vas toi-même descendre, alors j’ose fixer ton reflet au lieu du mien. J’ai pourtant l’habitude de voir des gens beaux, qu’est-ce que tu as de spécial pour avoir provoqué cette émotion en moi ?

Gare du Nord. Je comprends alors que tu n’es probablement pas parisien et tout espoir de te recroiser s’évanouit. En sortant, tu avances sur le quai puis te retournes brièvement vers la rame, mais je ne crois pas que nos regards se soient croisés.

J’ai aimé ce moment, ce trouble, ce doute. Alors merci.