09h50, tu partais en vacances

Rencontre en tête de train à la station Gambetta, direction Levallois. Je t’avais déjà repéré sur le quai car j’avais surpris ton regard intrigué sur moi, ce qui n’avait pas été pour me déplaire. Avant d’entrer dans le métro, j’ai fait exprès de me rapprocher de la porte par laquelle tu allais entrer dans la rame pour être proche de toi dans le wagon. Pendant le trajet, je n’ai pas osé te regarder (je regardais surtout tes chaussures et ta valise). Enfin… si, je t’ai regardé deux ou trois fois mais, par timidité, assez furtivement. J’étais assise sur un strapontin non loin de toi ; tu étais debout appuyé à la porte. Tu es grand, mince, noir (ou métis) avec des cheveux longs tressés, la bonne trentaine. Tu portais une chemise marron à motifs oranges et à manches longues, un pantalon marron, des baskets marrons et une valise à roulettes. Je suis petite, mince, brune, blanche, la trentaine, avec des lunettes. Je portais un débardeur moulant blanc, une chemisette rose (que j’ai enlevée en m’asseyant), un jean bleu, des sandales marrons, un sac fauve, un foulard marron, des écouteurs verts. Tu sortais à République, nos regards se sont croisés à plusieurs reprises lorsque tu attendais que la porte s’ouvre. Tu es descendu en me regardant à nouveau, tu n’as pas trouvé ta correspondance tout de suite, tu es parti dans une direction puis dans une autre en repassant devant la porte de mon wagon et en me regardant une nouvelle fois. Tu t’es même arrêté un peu plus loin et tu m’as regardée une ultime fois comme si tu allais remonter dans le wagon pour me parler. Tu avais l’air perdu mais je crois que tu faisais semblant d’avoir l’air perdu ! Ça m’a fait sourire mais je n’ai pas osé sourire en te regardant alors j’ai souri dans le vide. Tu m’as beaucoup troublée… J’espère te recroiser sur le quai de la station Gambetta.