Mes yeux dans les tiens, j’ai eu la sensation de te connaître depuis toujours

Quand mon regard a croisé le tien, j’ai eu le sentiment de te connaître depuis toujours.

Je suis montée à Réaumur - Sébastopol un peu avant 20 heures ce vendredi soir. Tu était déjà là. Perdu dans tes pensées, sérieux. Tu m’as regardée, je t’ai regardé. Tu as tourné la tête et moi aussi. Comme d’habitude, j’avais ma musique à fond dans les oreilles. Je t’ai jeté des regards en coin de temps en temps. Et je crois bien que toi aussi. Je pensais “Regarde-moi, regarde-moi…” Je me disais “S’il me sourit, je l’aborde”. Tu n’as pas souri. J’étais tellement concentrée sur toi que j’en ai oublié de descendre à Parmentier. Je n’ai pas pu m’empêcher de rire de ma bêtise. Pour sûr, ça t’a intrigué. Une fille qui mate, une fille qui rit toute seule… Je te matais, toi, je riais à cause de toi. Je portais un rouge à lèvres dont je sais à présent qu’il ne me va pas du tout…. Assorti à ton écharpe, rouge elle aussi.

Je me suis accrochée à mon sac de voyage gris, tergiversant… “Je reste dans la rame jusqu’à ce qu’il descende ? C’est n’importe quoi…” J’ai finalement quitté le wagon à la station suivante. Rue Saint-Maur. Sur le quai, je me suis mise à douter. Forcément, j’avais rêvé. Je me suis retournée. Mes yeux ont plongé dans les tiens. J’ai vite tourné la tête, continué à avancer. Et puis une dernière fois, je me suis tournée vers toi. Tu me regardais encore. Et le métro est parti. “Good bye, my lover”, me hurlait James Blunt. J’en aurais pleuré.

48 heures ont passé et j’ai toujours le sentiment, violent, que deux destins se sont frôlés et ratés. Je sais bien que c’est ridicule. Pourtant, si j’étais Parisienne, je prendrais cette ligne tous les vendredis à la même heure, en espérant te revoir. Je vis à Lille, et tout ce qu’il me reste, c’est ce site. Un mince, très mince espoir…