Bref, je t’ai croisé dans le métro

J’allais chez un pote, pour cela je devais prendre le métro. C’était aux alentours de 20h25 sur les quais de la ligne 8 à la station Michel Bizot. Tranquillement en train d’attendre, c’est ces moments d’attente pendant lesquels tu sais que tu viens de louper le métro, ça se confirme quand tu vois le temps d’attente à 10 minutes sur le panneau d’affichage.

D’ailleurs parfois le panneau bug, tu sais plus combien de temps tu dois attendre du coup tu ressors pour prendre le bus ou alors le train n’arrive pas et tu attends le prochain dans 15 minutes.

Le métro c’est chiant d’y attendre, t’as des gens bizarre et en plus ça pue. Je baisse la tête dépité, mon téléphone sonne. Le clochard sur le quai d’en face nettoie la barre métallique d’une poubelle pour recyclabes. Il le fait si bien que parfois tu t’étonnes qu’il puisse pas être embauché par la propreté de Paris, tu te demandes aussi s’il n’est pas en train de s’astiquer autre chose, vu la façon énergique et frénétique qu’il a. En plus il émet des gémissements de plaisir.

Je retourne à mon téléphone, mon pote me dit: “tu peux ramener le monopoly, clarisse et doane sont pas sûr de venir?” J’entends “Tu peux rentrer chez toi et refaire tout le trajet” alors je lui dis “non je suis en chemin, mais on peut faire un poker?” du tac au tac il me répond “ouais mais on peut faire les deux”, alors je lui dis “non mais je dois rentrer tôt désolé”.

En fait j’ai pas envie de retourner jusqu’à chez moi, de croiser des gens que je connais et qui me parlent pendant 3h alors que je suis pressé, et surtout d’oublier de fermer la porte à clés de chez moi lorsque je repars. Parce que cela entraîne tout de suite ma mère, qui me dit que les cambriolages se produisent souvent en août et pendant les petites absences.

Donc je refuse gentiment de faire l’aller retour pour un monopoly. A ce moment, le train d’en face arrive, je me dis merde pourquoi c’est pas le mien et pourquoi il met autant de temps à arriver et puis là je te vois. Tu es la conductrice, tu es blonde. Mais en même temps c’est approximatif parce que j’en sais rien et que je sais que beaucoup de femmes se teignent les cheveux en blonds et lorsque je crois qu’une fille est blonde en fait elle est brune donc en pleine réflexion je me dis que je dois agir et faire un truc, alors je suis le métro, facile puisque j’étais déjà en queue de train sur mon quai, tu sors de ta cabine pour je ne sais quelle raison. Je me dis merde je vais pas pouvoir lui faire signe ! Là, j’attends tu te retournes, je te regarde, tu me regardes, je te regarde, on se regarde. Je m’attends à ce qu’il y ait une de ces fameuses pannes de signalisation pour avoir le temps de venir sur l’autre quai, mais non. Tu me souris, je te souris, on se sourit.

C’est à ce moment là que je me dis que cela ressemble à un épisode de bref. Le clochard crie: “oui hé hé”

Bref je t’ai croisé dans le métro !

    Détails

  • Métro8à Michel Bizot.
  • Une rencontre faite le 8 août 2012.
  • Rédigé par un homme pour une femme.
  • Publié le jeudi 9 août.