Je suis tombée entre vos bras…

Un vendredi soir, 19h25, heure de pointe. Chaque semaine c’est pareil. Je redoute toujours le moment où les portes s’ouvrent et que je dois me battre contre la foule pour sortir du métro et me diriger vers la ligne 14. Les gens se bousculaient: ceux qui attendaient sur le quai se ruaient pour être le premier à rentrer et ceux qui sortaient se poussaient de peur de rester coincés à l’intérieur.

Je pose un pas sur le quai. Tout d’un coup je me sens bousculée vers l’avant. Trop tard; je n’ai pas assez d’équilibre pour éviter le choc. Vous, étudiant blond avec un sac à dos et une écharpe colorée, attendiez patiemment votre tour avant de rentrer dans le métro. Vous avez pris un pas en arrière pour anticiper la collision mais trop tard, on m’a propulsé contre vous. Je me suis excusée tout de suite, les yeux baissés, horrifiée. Vous m’avez souri “ce n’est pas grave”. Ce petit sourire a illuminé ma soirée.

Je serais bien restée écrasée contre vous quelques instants de plus. Mais je bloquais le passage…

“Entraînée par la foule qui s’élance

Et qui danse

Une folle farandole

Je suis emportée au loin

Et je crispe mes poings, maudissant la foule qui me vole

L’homme qu’elle m’avait donné

Et que je n’ai jamais retrouvé…”

Me reconnaissais-vous? Cheveux blonds, yeux marrons, rouge à lèvres rouge, pull bleu marine, chargée de deux sacs. 20 ans.