A la demoiselle au manteau gris et aux gants assortis

Chère demoiselle au manteau gris et aux gants assortis,

Cela fait quelques semaines que je vous croise dans mon RER, toujours à la même heure, toujours au même endroit. Je monte à Torcy en direction de Paris, le matin vers 7h45. Il s’agit toujours d’un train à deux niveaux à destination de Cergy, et quand j’arrive, vous êtes déjà là, à la même place chaque jour, dans la salle haute, sur un siège dos au sens de la marche.

Vos cheveux sont bruns et plutôt longs, vous possédez un iPod Nano rose accroché à votre sac et vous portez une bague verte sur votre main droite. Il est impossible de ne pas vous reconnaître dans ce train bondé, tant vous l’illuminez de votre charme, jusqu’à votre descente à Châtelet-Les Halles.

Nous nous sommes également croisés un samedi après-midi, au centre commercial du Val d’Europe. Je ne sais pas moi-même comment j’ai réussi à vous voir parmi tous les chineurs à l’affût de la bonne affaire en cette période de soldes. Mais le hasard m’a bien fait poser mon regard sur vous. Etait-ce le destin ? J’avais envie de le croire. Même si, évidemment, à ce moment, vous n’avez pas vraiment prêté attention à mon passage très furtif à vos côtés.

Je m’étais juré que si je vous recroisais dans le RER, je prendrais mon courage à deux mains pour au moins vous saluer. Mais j’ai beau avoir été assis juste à côté de vous en ce matin du 18 janvier, je n’en ai jamais trouvé l’occasion. C’est si difficile d’adresser la parole à son voisin de train sans qu’il n’y ait un minimum de méfiance… Et il est encore plus difficile de vous imaginer vous méfiant de moi, alors je crains toujours de vous adresser la parole sans raison valable.

Vous ne m’avez sûrement jamais remarqué, mais si, juste une fois, nos regards pouvaient se croiser, nos sourires s’échanger, et une occasion de vous parler m’être donnée, j’aimerais simplement en profiter pour vous dire à quel point vous êtes resplendissante.

Sinon, je continuerai à emprunter ce train dans l’anonymat, sans chercher à sortir de l’ombre à vos yeux.

A bientôt.