Cherche mangeur de sandwich à 16h45, ligne 9

Même rame de métro, toi et moi finalement assis sur des strapontins en vis à vis décalé. Moi lisant le supplément économique du Parisien, toi, en manteau noir affairé à ton sandwich, ton coca, ton orientation, ton téléphone, une voiture en réparation… Sortie pour toi comme pour moi à la station Franklin Roosvelt, nous cheminons ensemble malgré nous, toi porté par l’escalator, moi par l’escalier. J’arrive avant, te précède dans le couloir qui conduit à la ligne 1, tu t’approches, quelques pas côte à côte, j’ai envie de te dire que ton sandwich m’a donné faim, tu m’aurais prise pour une ahurie, je me tais, tu me doubles, je te suis. Bifurcation ligne 1… nous allons dans le même sens, direction Château de Vincennes. La sonnerie nous hâte, je me glisse dans la première rame, après toi, je reste aux abords de la sortie, devant toi. Je n’ose pas te regarder, j’en ai envie. Tu te tiens à quelques centimètres de mes cheveux, je n’ose pas me retourner, tu cherches mon regard dans le reflet de la porte-vitrée, je n’ose pas lever les yeux. Deux stations et je descends, à Concorde, sans toi. En cheminant rue Cambon, j’ai envie de t’écrire, alors voilà…